Tiga

Tiga

Après 15 ans d’activisme furieux dans le milieu de la musique, Tiga, DJ, producteur, remixeur, patron du label « Turbo Recording », organisateur de soirée, gérant de club et surtout coqueluche de la scène underground sort chez PIAS son 1er album  « Sexor ».En promotion en France, Tiga répond aux questions de LemonSound sur sa carrière et son album.

Lemonsound : Bonjour Tiga, en lisant ta biographie, on constate qu’à tes débuts tu as beaucoup œuvré à l’émancipation de la culture Club à Montréal, organisation de soirées culturelles regroupant danseurs, acrobates ; organisation des 1er raves à Montréal en 1993 (Solstice), création de Sona 1er bar « After Hours » en 1994 ainsi que du 1er shop electro de Montréal « DNA ». D’où vient cette énergie, cette envie de faire découvrir et partager l’electro au grand public ?
Tiga :
« J’étais jeune, j’ai commencé tôt, 16 – 17ans. C’était une passion, de nombreuses choses ont commencé en même temps. J’ai découvert la musique techno, les raves,les drogues, de nouveaux amis; tout cela a créé une énergie qui m’a permis d’avancer. Je pense aussi avoir eu la chance d’avoir du succès très tôt grâce aux évènements que j’ai organisés et cela m’a donné de la motivation, de l’inspiration pour continuer. Grâce à ce succès, cela a été plus facile pour moi de créer le magasin de vinyles et le club Sona, j’avais plus de crédibilité. »

En 1998, tu crées le label « Turbo recording », mélange d’electro pop 80’s, de techno dont plus de 30 maxis et albums sont parus à ce jour en formats vinyles et CD. Pourquoi avoir décidé de créer ton propre label ?
« J’ai créé ce label car à l’époque je travaillais essentiellement pour mon club « Sona », je trouvais ce business un peu plat, avec des soucis financiers et beaucoup de pression. Ce que je souhaitais vraiment c’était travailler avec les artistes, avec la musique. Le fait d’avoir créé ce night club et de m’occuper du booking m’a permis d’avoir de nombreux contacts avec les DJ’s et artistes. J’ai trouvé donc logique de créer «Turbo Recording », en me servant des nombreux contacts et amis travaillant dans l’industrie du disque. J’ai donc combiné tout cela avec les artistes locaux pour créer mon propre label. Je pense aussi qu’il y avait un vide à l’époque à Montréal, aucun label n’existait, cela m’a donc paru logique. »

Comment choisis-tu les artistes qui s’y produisent ?
« Il n’y a pas de critère spécifique. Si j’aime c’est ok pour moi. »

Et quels sont les projets 2006 pour « Turbo Recording » ?
« Beaucoup de choses sont prévues pour 2006. L’année 2005 a été très calme au niveau des sorties, peu d’activité à part le disque de Zdar et deux autres car tout mon temps et mon énergie étaient pris par mon album. En 2006, il y aura un nouveau disque de Jesper Dalhback et un de moi sous le nom de TGV et probablement un nouveau disque de Chroméo. Sinon, il y aura un disque de Thomas Barfod et des noms encore inconnus de la scène locale. »

Sur ton label, tu as permis à de nombreux artistes locaux de se faire connaître au niveau international ?
« Oui c’est exact, je ne suis pas intéressé pour faire signer un artiste déjà connu et de seulement vendre des copies. Le label est l’opportunité de découvrir de nouveaux artistes, de créer de nouvelles musiques. Grâce à la renommée du label, je sais que je peux sortir un vinyle avec le nom Tiga dessus et qu’il se vendra bien, puis en faire un deuxième de Tiga pour ensuite sortir un disque d’un artiste inconnu. Il me semble que c’est la bonne manière d’introduire un nouvel artiste, un nouveau talent. Je pense que c’est la responsabilité d’un label. »

En 2001, débutent les collaborations avec d’abord Zintherius aka Jori Hulkonen avec qui tu produiras le tube « Sunglasses at Night » vendu à plus de 150 000 exemplaires et maintes fois remixé ; puis avec Mathéo Murphy sous le pseudo TGV qui découlera sur le tube « Burning Down » (Turbo 19) ainsi que de nombreux remixes sur les labels Gigolo, City Rockers et Turbo. Qu’est ce que cela t’as apporté au niveau artistique et musical de faire ces collaborations ?
« Pour moi, « Sunglasses at Night » a été révolutionnaire, cela à changé ma vie, c’était un grand succès. Ce disque m’a permis d’avoir mes premiers bookings hors du Canada, d’être introduit au son de Gigolo, de DJ Hell, d’avoir une reconnaissance internationale, c’était le début du changement. Avec Matheo Murphy, c’est plus comme ingénieur, un travail plus technique. J’aime collaborer avec les gens si ce sont des amis. »

Grâce à ces tubes, tes talents de producteur et de remixeur sont connus dans le monde entier et en découle un nombre important de remixes pour TelepopMusik, Martini Bros, Scissors Sisters, Alex Kid, Tiefscharwz, Soulwax et LCD Soundsystem. Quel est le remix que tu préfères ?
« C’est toujours les plus récents que l’on aime. Je pense au remix de LCD Soundsystem « Tribulation » et aussi le Thomas Anderson « Washing up » sur B-Pitch. Pour moi c’est le dernier disque qui est important. Ce n’est pas facile de faire des disques qui restent dans les mémoires. Pour moi le remix « Washing Up » est le meilleur. Il est fait pour le club comme « Pleasure From the Bass ». Ce sont des morceaux faits pour les clubs qui marchent dans toutes les situations, grand festival ou petit club. »

Quelle touche personnelle souhaites-tu apporter aux remix que tu fais ?
« Je fais un remix quand je pense pouvoir apporter quelque chose en plus au titre, ou bien quand je n’aime pas une chose dans le morceau d’origine et qu’il me semble pouvoir l’améliorer, en rajoutant une ligne de basse ou des vocales. »

Début 2006, sort chez PIAS ton 1er album « Sexor ». Pourquoi avoir attendu 15 ans pour sortir ton 1er album ?
« Les 10 première années, cela n’était pas possible car je ne savais pas réaliser un morceau. Faire de la musique en tant que producteur est quelque chose de nouveau pour moi. Faire un magasin de disques, un label n’a rien avoir avec la production, c’est très différent. Seulement les 3 dernières années j’ai eu la confiance et l’habilité de faire de la musique. Peut être aurai-je du le sortir il y a deux ans et maintenant un deuxième ; mais cela ne s’est pas fait comme cela. »

Quelles émotions, quels sentiments as-tu voulu exprimer sur ton album ?
« L’émotion de base est la fête, quelque chose de pas trop profond,  pas trop compliqué, je souhaite seulement que les gens soient heureux en écoutant l’album, qu’ils dansent. Dans l’album, il y a des chansons pour mes parents, mes amis. Je souhaite que des émotions ressortent de l’album ainsi que l’envie de danser. « Sexor » est un album à moitié danse et à moitié personnel. Je pense que c’est un album de transition pour moi, le deuxième album sera plus profond, plus personnel avec encore plus d’émotions et de chansons. »

Chantes-tu sur l’album « Sexor » ?
« Oui sur toutes les chansons de l’album. Les textes ont été travaillés avec Soulwax pour  4 chansons et Jesper Dalhback sur 8 morceaux. Il y a donc des collaborations de production mais c’est moi qui chante tout le temps. »

Quelle différence d’investissement fais-tu entre des remix et la création d’un album ?
« Il n’y a pas plus d’investissement pour l’un ou l’autre, mais lorsque tu fais un remix, tu as déjà l’idée de base, ce n’est plus q’une question de technique, d’exécution car tu as déjà le morceau à sa base. Ce qui est difficile ce sont les idées,  c’est difficile d’avoir les bonnes idées et lorsque que tu fais un album tu dois avoir de nombreuses bonnes idées, des idées un peu spéciales si tu veux que ça marche. Tu dois avoir plus de créativité, tu dois penser. Mais cela dépend, certains remix sont très difficiles à réaliser et d’autres très simples. Pour exemple, le remix de « Pleasure From the Bass » fut réalisé en 3 heures. »

Pourquoi avoir nommé l’album « Sexor » ?
« Cela restera un mystère… »

Dernière question, tu es considéré par nombre de gens comme étant le petit prince de l’electro. Est-ce que cela te touche ? Joues-tu de ce titre pour l’image que tu donnes sur tes morceaux, tes mixes, remixes et photos de toi ?
 « Je ne pense pas jouer de ça. Tout le monde veut bien présenter devant les gens. J’aime être bien habillé, me voir sur les photos ou CD et me trouver beau, c’est naturel. J’aime l’idée que l’on achète des disques pour les jaquettes, les couleurs, les personnages. Je veux donner plus, donner une belle image de moi, car le public aime ça. Si tu donnes un peu plus de ton image, le public donnera plus en échange. Tout artiste aime faire planer le mystère, faire que le public soit intrigué, curieux de ce qu’ils verront sur scène. »

Interview réalisée par Baptiste J.