Simon Dunmore

Simon Dunmore

Créateur du désormais mythique label Defected Records. Simon Dunmore vient juste de signer la compilation ‘Defected In Eivissa 05’. Il nous parle de la création de son label ainsi que de ce qu’il préparera pour l’été.

Lemonsound : Tu faisais quoi avant Defected Records ?
Simon Dunmore : Comme la plupart des personnes qui travaillent dans ce milieu, j’ai d’abord commencé par travailler chez un disquaire, je montais aussi des soirées, etc. Je travaillais dans une boutique qui s’appelait « Record and Disco Centre First Off ». C’était une boutique assez influente dans le milieu et ça m’a permit de me faire des contacts importants, comme avec Steve Wolf. C’est grâce à lui que j’ai pu décrocher un job chez « Cool Tempo Records » en 1989. Il les avait quitté quelques mois plus tôt et c’est donc moi qui ai repris sa place. J’étais pas du tout dans ma catégorie mais j’ai quand même tout fait pour que ça marche au mieux ! Je suis resté 5 ans chez Cool Tempo, et j’ai travaillé avec différents artistes tel que Arrested Development, Gangster et Kenny Thomas et j’ai signé des personnes comme Juliet Roberts, River Ocean’s Love et Happiness, et de bons morceaux clubbing.
L’équilibre était juste entre les albums des artistes, leur commercialisation et un minimum de crédibilité dans le milieu underground. En 1994 j’ai été contacté par « A and M Records » pour m’occuper du département Dance chez AM :PM. Là-bas j’ai pu faire des remix pour Janet Jackson, Sting & The Police, Ce Ce Peniston et Sound Of Blackness. J’y ai signé Ultra Nate – Free, Mousse T – Horny, MJ Cole Sincere, etc. Puis en 1999 AM à fusionné avec Island Records. On m’a offert une place chez Island mais je sentais qu’il était temps pour moi d’avancer et je me sentais assez sûr de moi pour monter mon propre label, le 1er Janvier 1999 Defected Records était né.

Quels sont les plus gros disques que tu ai signé ?
Durant toutes ces années il y a eu d’innombrables gros morceaux qui sont sortis. Chez Cool Tempo on avait eu Arrested Development – Everyday People et Kenny Thomas – Think About Your Love, tous les deux ce sont vendus à plus de 400 000 copies. Chez AM :PM il y avait eu Ultra Nate – Free et Mousse T – Horny s’est vendu à plus de 500 000 copies. Le meilleur dans le classement des charts était Roger Sanchez avec « Another Chance » qui a était numéro 1 des charts mais n’a vendu que 300 000 albums.

Tout le monde veut devenir DJ ou avoir son propre label, mais quel est l’envers du décor quand on fait parti des labels leaders ?
Tu dois avoir le sens des affaires. Ca ne sert à rien d’avoir une bonne oreille quand on a pas le sens des affaires parce que ton affaire va s’effondrer. C’est pour cette raison que j’ai engagé une personne qui ne s’occupe que de ça, des affaires de Defected. Si t’as la chance d’avoir du flair dans les affaires et une bonne oreille, t’es sûr de partir du bon pied. Mais c’est quand même assez difficile. Il faut maintenir l’équilibre entre les morceaux dits « commerciaux » qui permettront à ta boîte de survivre, et les morceaux plus pointus, avec plus de crédibilité, qui peuvent te faire perdre de l’argent mais qu’il est bon d’avoir sur son label.

Es-tu parvenu à capter l’esprit de la house dans la compilation ‘Defected In Eivssa 05’ qui sort ces jours-ci ? N’est ce pas une tâche ambitieuse ?
C’est toujours très difficile de capter l’esprit de n’importe quel genre de musique dans un album. Chaque personne se fait à sa propre idée de la house. Je pense que je suis parvenu à capter ma vision de la house. C’est la représentation de mon héritage musical et de Defected. Chaque morceau contient du jazz, de la funk, de la soul…Alors oui, je crois que je suis parvenu à représenter la house comme je la perçois.

Penses-tu que pour évoluer dans la house il faut toujours regarder en arrière ?
Je penses qu’il est très important de toujours jeter un oeil aux musiques de références, celles qui ont tant inspiré. Il n’y a aucune honte à prendre de l’inspiration des grandes choses qui ont pu être accomplies dans tous les genres de musiques par le passé.

On sait tous ce qui se passe à Ibiza, mais peux-tu nous dire en quoi c’est si important pour toi ?
C’est important pour moi parce que j’ai eu la chance d’y être avant la période acide house, en 1988 avec Nicky Holloways dans son club Special Branch. Depuis cette période, il y a eu une grande évolution et pendant certaines périodes tu peux voir tous les DJs que tu veux. C’est devenu la Mecque de tous les aficionados de house. C’est un endroit parfait pour tout ce qui touche au marketing ou à la promotion, une vraie aubaine pour un label comme Defected, mais l’île en elle-même est aussi un lieu magique. C’est pas une île de hippie pour rien : les plages magnifiques, les criques pittoresques, l’aspect historique, ce sont des détails dont personne ne parle. C’est un endroit très spécial pour bien des raisons.

Avais-tu une idée en tête bien particulière quand tu as fait cette compilation ?
L’idée derrière chaque compilation Defected, c’est de refléter la personne de chacun d’entre nous, des gens avec qui nous travaillons, on met en avant le label et nos influences musicales.

Peux-tu nous donner les noms des producteurs présents sur l’album qu’on devrait surveiller ?
On a un type d’Istanbul qui s’appelle DJ Tekin, et c’est la première fois qu’on signe un morceau de Turquie. C’est mélodieux, deep, c’est génial. The Fanatics ont remixé KOT « Another Day », ce sont Aaron Ross et Andy Ward, ils sont sur scène depuis un moment, ils viennent juste de commencer à produire mais leur remix est très bon. Dennis Ferrer travaille avec nous depuis un moment déjà et c’est probablement le producteur le plus souple de la house en ce moment. The Stéréo Mutants, deux gars de Cornwall font de la fantastique Latin House et il faut vraiment les tenir à l’œil ceux-là !

En tant que promoteur et en tant que DJ, comment as-tu perçut les différents changements sur l’île au fil des ans ?
Sans l’ombre d’un doute, l’île a beaucoup changé depuis l’époque où j’y allais. Tous les clubs étaient en plein air, ça donnait une ambiance plus spirituel mais les régulations de l’EEC ont obligé les clubs à mettre des toits, et pour moi ça a tout changé. C’est aussi devenu beaucoup plus commercial : dés que tu atterri t’es agressé par tous les panneaux publicitaires et toute la pub, mais comme on fait parti de tout ça, c’est dur de dire que ça gâche l’île… Et parce que c’est devenu une île de clubbers, on peut voir les jeunes changer de destinations pour les vacances et les personnes qui reviennent d’année en année prennent donc de l’âge. Il y a eu un vrai changement au niveau de l’âge. Les gens qui veulent juste se bourrer la gueule ou baiser, trouvent qu’Ibiza est trop cher et ils vont vers des situations plus économiques. Ce qui a permit à l’île de redevenir un endroit plus pointu pour une clientèle plus sophistiquée.

Pourquoi as-tu choisi tes résidents et pas d’autres DJs ?
On choisit nos résidents pour les soirées en clubs en parallèle avec ce qu’il se passe dans la production à ce moment là. Par exemple, si Martin solveig sort un album, on essayera de le booker et ça lui fera une promotion supplémentaire pour la sortie de son album.

Defected est connu pour sortir des morceaux exclusifs sur leur album, lesquels sont-ils sur cet album ?
Le morceau « Everybody » de Martin Solveig est une exclusivité parce qu’elle est présente dans aucune compilation. Il y a un morceau de DJ Tekin, un remix des Fanatics. Et les deux morceaux de Stereo Mutants.

Qu’est ce qu’il y a en boutique pour Defected Records en 2005 ?
2005 est une grosse année. Le single de Martin Solveig va sûrement exploser Ibiza cet année et je vais partir pour Bruxelles pour écouter le nouvel album de Junior Jack. La longévité de nos relations avec nos artistes est la principale raison pour laquelle on sera toujours sur le devant de la scène. La loyauté est la clé, de notre coté et de celui de nos artistes.