Philippe B

Philippe B

Découvert par les Parisiens derrière les platines du Queen où il officiait comme résident des mythiques Disco Inferno, nous avons rencontré Philippe B pour discuter avec lui des aventures qu’ont étés le Queen, l’Amnesia ainsi que ses différents projets personnels.

Lemonsound : Pour commencer est ce que tu pourrais me dire comment tu es arrivé derrière des platines & à écouter de la house ?
Philippe B : J’ai eu la chance d’avoir deux grandes sœurs et l’une sortait avec un DJ lorsque je devais avoir 5 ans. J’ai donc eu très tôt de la musique chez moi et c’était pour mes sœurs l’époque des booms donc son copain jouait beaucoup à cette époque-là. A la fin des années 70, c’était l’époque Disco et Rock suivie par l’évolution vers le funk avec des artistes comme Quincy Jones. De cette époque j’ai gardé tous les disques et j’ai eu mes premières platines très tôt, deux Continental à courroie alors que je n’avais que 10 ans. Je me souviens que dès que j’ai eu ses platines, ma mère me laissait le droit d’acheter deux maxis par semaine et dès cette époque j’ai commencé à collectionner les disques.

C’est à travers des clubs comme le Boy & le Palace que tu as découvert la nuit parisienne n’est-ce pas ?
Pas exactement, quand je suis arrivé sur Paris j’ai découvert le Boy à 17 ans et le Palace vers 20 ans. A cette époque je travaillais dans une boite à Nantes et j’avais des patrons en or, et encore le mot est faible ! Mes patrons voulaient que leur club soit le top du top question musique et donc ils m’envoyaient à Paris toutes les semaines pour y acheter des tonnes de disques. Environ 2500 Francs de l’époque en disque par semaine, j’achetais tout ! Ca m’a permis de rencontrer beaucoup de DJs dont certains, comme Didier Sinclair, avec qui j’ai gardé une amitié et c’est d’ailleurs grâce à lui que j’ai rencontré les gens de l’Amnesia il y a 11 ans. Didier faisait une tournée dans le sud pour promouvoir une compilation sponsorisée par Orangina, c’était l’époque où Radio FG était encore plus libre que maintenant et Didier avait gardé les contacts de l’AMnesia. Plus tard je me suis retrouvé dans les bureaux de Barclay avec Didier lorsque les gens de l’Amnesia l’appellent en lui disant qu’ils avaient besoin d’un DJ pour l’été…C’est comme ça qu’à à peine 19 ans je suis arrivé à l’Amnesia.

Avant d’arriver au Queen tu as été résident dès 1994 à l’Amnesia Cap D’Agde où tu as pu recevoir les meilleurs DJs avant de les recevoir à l’Amnesia Paris. Tu es toujours résident au Cap d’Agde ? Qu’est ce que vous préparez pour l’été 2005 ?
Oui j’y suis toujours résident, on ne prépare rien de détonnant pour cette saison, on va faire ce qui a fait notre réputation tout au long de ces années. J’y organiserais tous les samedis Twist My DJ avec les gens que j’apprécie et on fera venir certainement David Guetta, Steve Angello, Martin Solveig et beaucoup d’autres.

Énormément de Parisiens t’ont découvert derrière les platines du Queen tous les lundis où tu officiais comme résident des soirées Disco Inferno, quel souvenir tu gardes de ces soirées ? Au bout de 7 années de soirées hebdomadaires, on est vraiment crevé où on a encore de l’envie ?
Le Queen est une excellente école même si je n’ai pas pu y faire tout ce que je voulais. Le fait d’y avoir mis un pied est une très bonne chose mais il y a énormément de pression. C’est une pression contrôlée bien évidemment mais ça a été pour moi une excellente chose que de travailler au Queen. Le problème avec le disco c’est que tu ne peux pas te renouveler dans ce style de musique. Au bout de 7 ans à jouer les mêmes disques je peux te dire que je les connaissais par cœur !

En Octobre 2003 tu as pris les rennes de l’Amnesia Paris en commençant très fort. Une résidence Defected & Subliminal, deux des plus gros labels au monde. Ca a été difficile au début de faire venir des écuries comme ces deux labels ?
Non ce n’est pas si compliqué que ça tant que tout est organisé et que tout est professionnel. A l’Amnesia, Renaud m’aidait beaucoup, il allait chercher les Djs à l’aéroport, les emmenait manger avant de les emmener au Club. C’était donc pour moi c’est une énorme charge de travail en moins. Avec Renaud ce qui est bien c’est qu’il peut parler musique avec le DJ, il s’y connaît donc c’est facile. Le seul problème de l’Amnesia, parce que je pense que tu veux en arriver là, ça a été d’utiliser l’image Johnny pour attirer du monde. Déjà utiliser les médias a été une bêtise car ce n’est pas compatible Johnny et la musique électronique. Ensuite il y a eu des erreurs financières, les patrons voulaient attirer les VIP en mettant les prix d’entrée à 25€ le jeudi soir et les consos à 15€ donc ça a attiré une clientèle que nous nous ne voulions pas donc après pour faire comprendre à quelqu’un qui est ton patron qu’il fait des mauvais choix ce n’est pas une chose très facile surtout au début d’une aventure. Après, tout le monde a mis de l’eau dans son vin et au bout d’un mois, on a commencé à réparer nos erreurs et a faire une nouvelle programmation. La programmation et la communication ont été faits pour faire partir cette clientèle BCBG de 40 – 50 ans et pour faire que les clubbers de 18 – 30 ans viennent. On sait retrouver également avec un problème le soir de l’ouverture, on avait envoyé près de 6000 invitations aux VIP, aux journalistes, aux clubbers etc…Les gens de la télé, du cinéma et les VIPs sont bien venus à l’ouverture donc on avait eu ce qu’on voulait mais le problème c’est qu’on sait retrouver devant le parvis de Montparnasse avec des milliers de personnes qui attendait et qui n’ont jamais pu rentrer. Je crois que c’est là que la guerre à commencé parce qu’on sait fait descendre ce soir là. La presse attendait dehors pendant que ceux qui showbiz étaient dans le club.

Tu as pu jouer aux côtés des plus grands artistes comme Deep Dish, Victor Calderone, Danny Tenaglia ou l’équipe de Subliminal mais y a t’il des artistes que tu n’as pas réussi à faire venir et auxquels tu tenais vraiment ?
En réfléchissant bien je crois qu’on a fait pas mal de grands artistes. Je me souviens que quand Danny Tenaglia nous a donné sa réponse positive on a sauté au plafond ! C’est pas simple de faire venir Morillo non plus ! Mais il y en a qui ne sont jamais venus, on avait fait des demandes pour Sasha & pour Steve Lawler mais ils ne sont pas venus. Autrement il doit y en avoir d’autres à qui on a fait la demande et qui ne sont pas venus mais je crois vraiment qu’on s’est bien fait plaisir. Mais pour des raisons financières on ne peut pas être en compétition avec Ibiza, les artistes demandent trop d’argent pour venir jouer en France comparées à ce qu’ils demandent pour jouer à Ibiza…

Tu as sorti plusieurs maxis au cours de ta carrière dont un que j’aime beaucoup « You & Me » le sample du « Why » de Bronski Beat, tu peux me parler de ce morceau ?
Au départ quand tu ne connais pas trop les machines tu n’as pas envie de te mettre à chercher des sons. ‘Why’ m’a marqué dans les années 80 et je me suis toujours rêvé pouvoir faire un remix de ce morceau alors quand j’en ai eu la possibilité je me suis lancé.

Perso je l’aime beaucoup mais je le trouve un peu long, il ressemble un peu à un morceau à 3 parties : l’intro de 5mn, le cœur et la conclusion. Pourquoi faire une intro aussi longue ?
Si tu regardes bien, la cerise sur le gâteau de ce morceau c’est la voix donc quand on a fait ce morceau on ne voulait pas donner tout immédiatement.

Interview réalisée par Arno P. en mai 2005 au Café Du Tresor. Un grand merci à Philippe B de nous avoir accordé un peu de son temps.