Interviews
Publié par C C, il y a 8 ans
Osunlade
Interview d’Osunlade – Mystique, talentueux, prolifique, etc. Les adjectifs manquent pour qualifier Osunlade. Rencontre avec ce producteur de talent à l’occasion de son passage au Djoon pour la 5 Beats du 27 janvier.
Lemonsound : Tu as été très prolifique en 2006. Entre Aquarian Moon, la Soul Heaven avec DJ Spen, ou encore le maxi comme « I don’t know », difficile d’échapper au son Osunlade. Est-ce que tu avais déjà connu des années aussi riches ? Peux tu nous faire un rapide bilan de l’année qui vient de passer ?
Osunlade : « Effectivement, l’année passée m’a beaucoup inspirée. Je pense que c’est du à mon nouvel environnement et la paix intérieure qu’il m’apporte. Je me sens plus accompli et équilibré que jamais. Mon déménagement à Santorini m’a apporté un style de vie plus simple, et m’a offert la possibilité d’achever ma transition vers la stabilité. La musique est arrivée sans effort particulier. J’attribue également le succès de cette année à la variété des remixes qu’on m’a offerts et à la direction que je leur ai donné. Aquarian Moon a été comme un retour aux sources pour moi. Le genre de musique qui m’a influencé adolescent. Soul Heaven était une super compil’ sur laquelle apparaissent beaucoup de remixes, ainsi que des inédits Yoruba. En ce qui concerne les morceaux du label, ils ont toujours été particuliers pour moi car c’est ma vrai passion. Alors pour résumer, cette année a été une vraie bénédiction ! »
Revenons sur la Soul heaven chez Defected. Comment t’es tu retrouvé sur ce projet commun avec DJ Spen. Comment s’est faite la connexion avec Defected ?
« La connexion entre moi et Defected revient à quelques années déjà. Simon Dunmore (son boss) et moi sommes amis depuis des années, et pour ceux qui le connaissent, ils savent qu’il admire la soulful « deep ». Defected a acquis la réputation d’un label de musique dance commerciale, mais c’est arrivé comme ça, et c’est bien car il prête sa main aussi bien au milieu underground qu’à des hits dance et des DJ et producteurs de renom. Soul Heaven est un sous-label qui appartient à Defected et qui a beaucoup soutenu mon label et ma musique. J’ai joué à une de leur soirée de lancement d’une autre compil’ (dont je ne faisais pas partie) et on a évoqué la possibilité de travailler ensemble dans le futur. C’est aussi simple que ça. Au début, je trouvais que l’idée d’un duo avec DJ Spen ne marcherait pas, mais en fin de compte, ça a marché parfaitement comme on a tous les deux des styles et des publics différents. Au final, ça a été un vrai bénéfice en terme de public, pour l’un comme pour l’autre. »
« Offering » fait parti des 5 CD que j’emmènerai sur une île déserte. En parlant d’île, j’ai entendu dire que tu t’étais installé à Santorin au Sud de la Grèce. Pourquoi cet endroit et ce choix de vie ? En quoi ça peut influencer ta musique ?
« J’ai eu le coup de foudre pour Santorini. Rien ne m’a fait choisir cet endroit en particulier, je crois qu’on s’est juste choisi l’un l’autre. Il y avait une énergie parfaite entre nous. Ca a fait la différence non seulement dans la musique, mais aussi dans ma vie.
C’est quelque chose d’inexplicable, si vous veniez vous comprendriez. La nature y est simplement impressionnante. »
Tu es un des rares artistes dont j’achète les disques les yeux fermés. Parles moi d’Element Beyond, que je sache sur quoi je vais investir mon prochain billet 😉
Tu travailles actuellement sur ce nouveau projet. Peux tu nous en dire plus ?
« C’était comme Aquarian Moon, je n’avais pas prévu ça du tout. C’est juste arrivé. Ca a commencé avec le projet d’un mini-album basé sur 3 morceaux. Mais les chansons ne s’arrêtaient pas après ça, alors j’ai décidé de continuer et créer un album complet. Voila le concept de l’album, il est basé sur un morceau, peu de voix, des mots parlés, mais principalement du groove et du son pour les dancefloor. On passe de sons traditionnels orientaux dans « A Monks Tear », « A cloudy mist », aux sons plus techno de « Frequencies » et le funk grinçant de « Momma’s Groove ». l’album tourne un peu en rond mais c’est ce qui crée l’équilibre. Etant le premier album dance que je fais depuis « Paradigm », je pense qu’il est un prédécesseur plutôt décent. »
Parlons de ton label. Tu as sorti « Yoruba Record » (avec notamment le toujours magnifique « don’t change » d’Eric Robertson). C’était une manière de faire un bilan du travail accompli ? Qu’est ce qui nous attend prochainement sur ton label (futurs projets) ?
« « Don’t Change » est la 5e réalisation du label, et en fait, la France a été le premier pays d’Europe à soutenir Yoruba dès sa sortie. Le morceau en lui-même a simplement été un don de dieu. Eric Roberson (Erro) et moi avons une super relation professionnelle depuis des années et bossé sur pas mal d’albums de grands artistes. J’ai décidé qu’on devait faire quelque chose pour lui sur le label, et la chanson est née. C’est fou combien tellement de bonnes choses se sont produites depuis ce track. Des producteurs lui ont demandé de créer le prochain « Don’t change », et c’est simplement magique, c’est pas que de la chance et du talent, c’est un vrai lien qui nous unit. On a prévu un album Erro sur Yoruba pour 2008. Mais pour le moment, je suis super content de présenter de nouveaux artistes comme Jimmy Abney, un maître de la soul qui va sortir son premier album prochainement. Ce projet est un travail vieux de 10 ans ! Il doit être une des plus grandes inspirations que j’ai connu dans toute ma carrière musicale. Nomumbah, un groupe brésilien de Sao Paulo, crédité pour sa grande interprétation du morceau de Lo Burges « Tudo que voce podia ser », va également sortir son premier opus et des remixes sur le label de Jazzonova et une tournée avec le groupe. Afefe Iku, l’homme mystère du label (tout le monde pense que c’est moi) vient de sortir un de nos plus gros et plus vendeur single « Bodydrummin », et va sortir un album cette année. Le très attendu album de Santos verra le jour, et un album de Nadirah Shakoor est en préparation, ainsi que pour Quetzal Guerrero, Boddhi Satva, Suntzu Sound, Taino Leon, Spyro et d’autres. »
En France, nous aimons beaucoup ton travail. D’ailleurs « Crazy you » était sur la dernière compilation Nova Tunes de radio Nova. Que penses tu de cet engouement du public français pour ta musique ?
« J’adore les Français et leur engouement pour ma musique. Je crois que vous faites partie des rares pays qui aiment la musique de qualité. Quand on parle d’intégrité, il y a peu de pays et de cultures qui peuvent s’aligner avec la France. La plupart des artistes les plus divers et de renommée mondiale viennent tous de chez vous. Du Jazz à la musique Africaine en passant par le hip hop ou la musique electro, vous avez bien compris le truc. Parfois vous êtes un peu capricieux mais bon, c’est les français j’imagine 🙂 »
Grâce au travail de passionnés comme Lionel (5 Beats) et aux lieux comme le Djoon (5 Beats, Dance Culture, Cheers), Paris est devenu une place forte de la soulfull music. Tu t’étais déjà produit au Djoon (et en France) ?
« Ca sera la 2e fois que je jouerai au Djoon. La première fois c’était avec Greg Gautier, j’étais vraiment bluffé par l’endroit, les gens et la manière avec laquelle les jeunes « absorbent » ce qui ce passe. C’est assez rare. J’ai hâte d’y retourner. »
La scène house/soulfull française est très active. Quels sont les artistes avec qui tu aimerais travailler ? Y a-t-il quelqu’un de chez nous dont tu apprécies le travail ?
« C’est dur de répondre à cette question car je ne suis pas du genre à prophétiser ou à rêver de travailler avec une personne en particulier. Je pense que si vous fonctionnez comme ça, vous imaginez ce que serait de bosser avec cette personne, alors qu’en fait ça peut très bien être un vrai cauchemar, alors je demande juste à l’univers de mettre sur mon chemin des gens qui me permettront de grandir et de me défier, et d’aller au delà de ce que j’attends. C’est très important pour moi. La musique est ma vie, ma bible, mon album photo. Elle doit montrer tous les cotés de qui je suis, j’ai été et serai. Alors il est très important de rester pure dans sa création. »
En France, les ventes de disque ont chuté en 2006, mais le téléchargement légal a explosé. Que penses tu de ce phénomène ? Où tu te situes par rapport au téléchargement légal. Par rapport à Yoruba notamment, est ce que tu penses que c’est devenu une étape incontournable pour un label ?
« Je défends complètement le téléchargement. Avant, je pensais comme les labels et les gens que ça concernait, mais c’était avant d’être vraiment impliqué là-dedans. Je pense que pour que les choses soient bien faites, il faut les faire soi-même. Je connais beaucoup de gens qui y sont opposés, ils croient que ça sera la disparition du vinyle et par conséquence, de notre musique. Mais la musique reste la musique, peu importe son format. Si les gens le désirent, il faut leur donner ce qu’ils attendent peu importe les conséquences. Il faut respecter les gens qui vous soutiennent, et le future c’est le téléchargement. Et surtout, les ventes d’albums sont au plus bas, donc en ce qui concerne Yoruba, on a changé de position, et ce du partiellement au téléchargement numérique mais aussi à mon initiative seule. Et ça a fait la différence. La protection et le respect de la musique est ce qui a été perdu en fait, c’est pas tellement le format ou la manière dont on fait la musique. Les gens sont juste trop fanatiques du fait de pouvoir avoir un son en exclusivité, avant tout le monde, alors qu’à la fin, tout le monde a la possibilité d’avoir tel ou tel morceau mais finalement, à vouloir aller trop vite, quand ça sort en bac, tout le monde s’en fiche. Je n’ai pas besoin d’amis comme ça. Je ne partage pas la musique de mon label parce que je sais le travail qu’il faut pour créer de la musique et combien d’artistes se battent pour leur truc. C’est de ma responsabilité de les honorer en ne partageant pas leur musique. Mais ça n’a rien à voir avec le problème du téléchargement, c’est plus un souci de disponibilité et de technologie. Les labels, les producteurs et les DJ doivent faire attention aux gens à qui ils font confiance si ils veulent que les choses s’arrangent. C’est simplement le respect. »
As-tu une anecdote de soirée ? Un dernier petit mot pour nos internautes ?
« Rien de très drôle en fait, y’a rien qui me fait vraiment rire, sauf les fanatiques et les mecs qui me suivent dans la rue (j’en ai connu). Et tout ce que j’ai à dire aux internautes, c’est merci pour votre soutient. Légèreté et bénédiction à vous ! »
Alexandre V.
Merci à Lionel (Real Tones Records) et Osunlade
Tous mes remerciements à Karolyne pour la traduction
www.yorubarecords.com
www.myspace.com/yorubarecords
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