M.A.N.D.Y

M.A.N.D.Y

Rencontre avec Patrick & Philipp, le duo qui compose M.A.N.D.Y pour parler de leur compilation « At control » ainsi que de leur actu, et de la génèse du groupe.

M.A.N.D.Y, vous êtes l’un des duos de DJ/Producteurs très en vogue actuellement, présentez-vous et racontez nous votre histoire ?

« Patrick et moi nous sommes rencontrés il y a 20 ans sur un court de tennis, puis pendant un an nous avons juste fait du sport ensemble mais on a toujours eu la passion de la musique. Entre 1985 et 1989, on enregistrait des cassettes mais ce n’était pas encore de la techno, on était intéressé par toutes les musiques. Patrick est alors parti à Francfort moi je suis allé en Suisse mais on est toujours resté en contact. Après mes études, je l’ai rejoint à Francfort et on a commencé à faire des fêtes ensemble. Au début personne ne voulait nous booker parce qu’on n’avait pas de production et à Francfort c’est super dur de jouer. En 1995, Sven (Väth, ndr) était déjà là, mais Cocoon n’existait pas encore, les clubs de l’époque étaient inaccessibles. On a alors fait notre propre fête pour rentrer dans le milieu un peu plus professionnel mais sans vraiment gagner d’argent. On s’est mis à produire mais ce n’était encore qu’un hobbie, jamais on a pensé à vendre ni d’en faire notre boulot principal. En 2001, on s’est dit pourquoi ne pas continuer là-dedans à fond et monter notre label parce que l’on sait ce qu’on veut. »

C’est à ce moment que vous créez Get Physical, label Berlinois très côté sur la scène électro mondiale, comment est-il né ?

« On a monté Get Physical avec la boîte de production de Booka Shade qui sont trois personnes ; Breit, Arnaud et une autre personne que l’on connaît aussi depuis longtemps, DJ T. Patrick et moi avions déjà l’idée de créer un label dans les années 90 mais là c’était vraiment le bon moment. On a fait connaissance avec T qui nous a connecté à beaucoup de monde grâce à Groove (son magazine, ndr) et Booka Shade qui avait un studio super professionnel parce qu’ils font de la musique pour la publicité. En fait il suffit d’attendre le bon moment pour réaliser un projet. »

En 2002, vous quittez Francfort pour Berlin, quelles ont été les motivations de ce choix, qu’avez-vous trouvé à Berlin ?

« Après une année d’existence pour Get Physical, on était encore basé à Francfort et moi à Cologne parce que je travaillais en tant que directeur artistique pour des maisons de disques, V2 notamment. On est alors allé à Berlin parce qu’une fois que tu as fais le tour de Francfort qui n’est pas super grand, tu te dis qu’il faut bouger. Berlin est quand même d’une autre dimension. »

Comment distinguez-vous votre activité au sein de M.A.N.D.Y ?

« C’est difficile à dire, disons qu’au quotidien, s’il y a des mixtapes à faire pour des radios, c’est Patrick qui s’en charge, moi je m’occupe un peu plus du « business », de l’administratif. Sinon pour la production on fait tout ensemble. »

L’une de vos premières sorties fut un remix de Galleon qui a très bien marché en Allemagne mais auquel vous avez immédiatement mis un frein, pourquoi ?

« En fait c’est une copine qui avait travaillé chez Sony qui nous avait demandé ce remix parce qu’elle savait ce que l’on faisait. Puis à cause du succès, beaucoup de grandes boîtes nous ont demandé d’autres remixes « identiques » donc on a tout de suite arrêté. Tu as une telle pression parce qu’ils croient qu’avec ton remix ils vont rentrer dans les charts donc même si cela payait bien on ne voulait pas rester coincés dans ce truc là. Pour notre développement personnel ce n’était pas hyper nécessaire je crois. »

Quel est le rythme de vos productions personnelles ?

« On n’a pas sorti un seul morceau depuis un an parce qu’on voulait faire un album cette année, mais on a finalement pas trouver le temps ni l’esprit pour le faire. On ne voulait pas d’un huit titres pour le dancefloor, il vaut mieux sortir des maxis. Du coup on a fait pas mal de remixes, mais on s’est dit que si on n’avait pas d’autres choses à dire en tant que producteur, autant faire une bonne compilation en tant que DJ. Pour « At The Controls », on a mis huit semaines vraiment tous les jours pour écouter tous nos disques et choisir les meilleurs. On se remettra donc au studio sérieusement l’année prochaine parce que là on est parti pour six semaines de tournée, et pour un album il faut avoir du temps devant soi pour se focaliser. »

Du coup rien à surveiller du côté sortie ?

« Si, on va sortir un nouveau maxi bientôt, mais comme je dis, c’est difficile quand tu joues entre deux et quatre fois par semaine, les autres jours t’es raide ! Tu ne peux plus bosser. Alors on se concentre sur les dates DJ pour l’instant. »

Vous avez d’abord commencé par mixer en Allemagne notamment à Francfort puis plus récemment à l’international, quels sont vos meilleurs souvenirs ?

« Ouuuh… je crois que des fois tu te retrouves dans des situations où tu regardes autour de toi, il y a des gens que tu ne connais pas, mais tu es dans un café ou un resto qui est cool, tu captes ces quelques secondes pour être heureux et réaliser la chance que tu as de faire cette expérience là. C’est pas toujours des grandes nuits ou des nouvelles femmes ou des trucs comme ça, c’est juste ces quelques secondes là. »

Etes-vous toujours tous les deux à mixer, si oui comment organisez-vous votre set ?

« Non parce que maintenant on est surtout booké pendant le prime time, entre deux et quatre heures donc à deux ça n’a pas de sens. Par exemple le week-end dernier on a eu notre nuit de M.A.N.D.Y au Watergate à Berlin et là on a eu cinq ou six heures ensemble ça c’est parfait. On discute juste qui veut commencer, on joue quatre ou cinq morceaux puis l’autre capte dans quelle direction va le mix et joue derrière, toujours avec respect, on ne se bat pas pour jouer nos disques ! Mais pour cela il faut du temps donc parfois on préfère jouer tout seul. »

Votre dernière date à Paris était à We Love Fantasy au Parc Floral en septembre dernier, quelles sont vos impressions sur le public et les clubs parisiens ?

« C’est super ! On a joué à l’Elysée Montmartre, au Mix Club, au Tryptique, au Pulp donc dans des salles de dimensions différentes. Evidemment quand tu joues au Mix c’est une autre satisfaction que lorsque tu joues dans un petit club comme cette nuit au Paris Paris, c’est un contact direct, j’aime mieux ça mais c’est plus difficile par rapport au budget aussi. »

Ce soir vous jouez au Paris Paris un club plutôt fermé en accès et limité en capacité, qu’avez-vous entendu à propos de ce club ?

« Oui il paraît que c’est un truc branché pour le moment, j’ai fait la connaissance avec Marco aujourd’hui qui fait la programmation, il a l’air très bien, très cool. J’ai entendu qui jouait là-bas alors je crois que ça va être cool. »

Vous promotionnez actuellement la double compilation « At The Controls », allez-vous jouer dans cet esprit plutôt éclectique et pas forcément dancefloor vu la configuration du Paris Paris ?

« Notre objectif avec « At The Controls » comme avec « Body Language », c’est de pouvoir réécouter nos compilations plusieurs années après leur sortie avec le même plaisir alors pour ça, il faut vraiment choisir des morceaux de valeur, tu peux pas mettre juste des hits actuels parce que peut-être que dans trois mois tu en auras marre. Ce sont aussi des CD à écouter à la maison ; la dernière fois on l’a écouté dans une chambre d’hôtel et après on est allé faire la fête à Fabric à Londres et ça a bien marché. (Patrick rajoute) On a sélectionné nos chansons favorites à écouter à la maison mais toujours dans un esprit club. C’est un risque certain de faire un disque qui n’est pas qu’un enchaînement de club tracks, mais en même temps ça n’a pas vraiment d’intérêt particulier de faire un mix totalement dancefloor. Pour ça, tu peux demander à un ami DJ non ? »

Interview réalisée par Tim. Merci à M.A.N.D.Y pour sa sympathie et au Bakara (61, rue Jean-Pierre Timbaud 75011 PARIS) pour son accueil.