Llorca

Llorca

Non mais je rêve ! Je sors du D!Klub de Lausanne, j’arrive à la gare pour rentrer à Paris et qui vois-je ? Ludovic Llorca : mon idole ! Il est 8h du mat, il n’a pas encore dormis, moi non plus, mais il m’accorde une interview. Dj Rork est dans le train av

Je sors le portable de la sacoche, prépare quelques questions mais finalement, cela ne servira à rien, on discute de façon super naturelle de son activité, de sa musique etc. Ludovic Llorca, signé sur le label Fcom, a sorti un excellent album il y a un an :« New Comer ». A la fois soul et house, jazzy et éléctro. Il est demandé dans tous les festivals de Jazz comme dans les meilleurs clubs du monde pour partager sa musique unique

Lemon Sound : Salut Llorca, que fais tu ici ?

Llorca : Je sors d’une soirée au Club Cult [Lausanne] !

LS : Bonne soirée ?

Llorca : Très moyen, pas beaucoup de monde, des gens qui voulaient un son qui tabasse, c’est un club qui a son habitude et qui colle mal à ce que je fais. Si tu veux, c’est un peu comme si j’allais jouer à une automatik au Rex avec un son house vocal, cette soirée est superbe, mais ce n’est pas pour moi.

LS : Que penses tu du public Suisse ?

Llorca : En générale, ca se passe plutôt bien mais plutôt pour des festivals comme Montreux, brefs des festivals de Jazz. Ce qui passe bien, c’est le live, alors que venir avec son fly, c’est autre chose ! C’est dur de trouver un endroit on peut jouer house vocal et où le public est super réceptif..

LS : Tu as une résidence depuis 3 Mois au Wagg, comment ca se passe ?

Llorca : Pour l’instant, je suis super contenu, je craignais au début que cela ne colle pas à la clientèle qui n’est pas particulièrement « spé » mais en fait, ils sont super réceptif à ce son, on peut même jouer garage. Vers 2h, il faut commencer à jouer un son plus dance floor mais qui correspond toujours à l’image que je cherche à véhiculer autour de ma musique.

LS : Comment choisis tu les dj’s que tu invites ?

Llorca : J’invite mes amis ! Ils ont un peu dans le même son et ils sont capables de faire monter la soirée si il le faut …
(Rork qui se trouve dans le même train vient alors s’asseoir à coté de nous)

LS : C’est pour quand un ping pong avec Rork ?

Llorca : La prochaine date de libre c’est en Juin ou en Juillet
Rork : Je suis libre en Juin, mais pas le 21

LS : Bon, alors on note : Samedi 14 Juin : Rork & Llorca au Wagg ?

Llorca : Il va falloir voir avec nos deux agendas, mais pourquoi pas finalement …

LS : Les soirées en club c’est : un moyen de payer le loyer, un moyen de faire la promo de tes disques, un moyen d’être en contact avec le public ?

Llorca : Les trois en même temps : il y a le fric et la passion. Il faut pas être démagogue et dire qu’on fait ca pour la musique uniquement, il y a bien un moment ou il faut vivre de ce que tu fais, en plus c’est un beau métier.

LS : Toi qui a du visiter un peu tous les clubs et capitales d’Europe, quelle est ton opinion sur la nuit parisienne, toi qui a suffisamment de recul pour comparer avec les autres capitales ?

Llorca : La France ca pu, je suis dur quand je dis ca, certes, mais c’est pauvre, tu compares Paris et Lausanne par exemple, Lausanne est une ville de 150 000 habitants et pourtant, comme tu l’as vu, ca bouge bien, il y a des beaux clubs et un super public. C’est super différent selon les pays et les clubs évidemment. Il y a des pays ou tu peux y aller les yeux fermés comme l’Europe de l’Est. A paris les gens sont blasés, il y a pas mal de choses qui changent, j’allais en rave il y a 10 ans et les gens ne se regardaient pas genre « on danse, on danse pas ? » ils venaient pour danser, c’est tout. On venait pas pour dire « J’y suis », en plus, la musique a évolué et on avait des gens qui se sentaient plus concernés par la musique. Les clubbers agissent plus comme des consommateurs qui viennent juste pour consommer la musique, c’est un produit de consommation. Tu peux regarder Star Académie à 23h et être au Rex à 2h.

LS : Le fait de voyager à l’étranger, ca t’apporte quoi ?

Llorca : C’est l’occasion d’avoir un public avec une véritable sensibilité, c’est une vrai manière d’écouter la musique. Il faut que ça groove, que ce soit funky & soul ! Je suis allé au concert de Prince et le mec nous disait « elle est où la funk ? » c’est vrai en plus, sans vouloir être nostalgique, il n’y a plus la même vibe

LS : Donc pour toi y a pas de vraiment de compositeurs qui fasse une musique qui ait une âme ?

Llorca : Si ! Il y en a même beaucoup qui la font mais pas assez pour l’écouter : Deep, Gregory, Rork etc … on a pas assez l’occasion d’écouter cette musique. Le problème c’est que c’est soit tout l’un, soit tout l’autre, soit on va à Cheers et le public est récéptif … mais tu as que du Garage, en fait il faudrait une soirée où il y aurait autre chose …

LS : Tu crois pas que les gens sont super snobs et ne veulent écouter qu’un style de musique ?

Llorca : Peut être, mais je pense que ce n’est pas si simple

LS : Tes projets ..?

Llorca : Il y en a beaucoup ! Souvent, je suis touché par des disques et j’ai envie de contacter les mecs pour bosser avec eux. Mais j’attends d’avoir un peu plus avancé sur mon 2nd album, la collaboration m’a vachement apporté : Lady Bird, Mandel Turner, Nicole Graham … ca t’apporte aussi beaucoup sur le plan relationnel.

LS : Que penses tu des musiques électroniques en ce moment ?

Llorca : Comme le disait Trax, il y a une crise en ce moment dans l’éléctro et ca va peut être permettre de faire le tri et de se débarrasser de cette clientèle qui n’a pas sa place dans certains clubs.

LS : Une formule miracle ?

Llorca : Non … j’apporte modestement ce que je peux, je reste intègre … Je ne peux pas changer les gens. Je ne peux empêcher personne de parler sur Internet, de copier mes disques : Même si je me sens pas trop touché, je trouve qu’en faisant ca, on fait pas du bien aux artistes … les majors on s’en fout, ce qui compte c’est les artistes. Par exemple, je prennais le train hier et les gosses à coté de moi avaient des pochettes avec que des disques copiés. Aujourd’hui, j’ai plus l’impression que les jeunes ne se sentent pas trop concernés par la musique, c’est un truc que tu télécharges, que t’écoutes et que tu jettes, en fait je crois que ca vient d’un problème de valeur : le respect : le respect de l’artiste.

Rork : exemple avec FG, on cherche plus le disque unique et marginal, mais plutôt le disque qui va faire vendre de la pub, il n’y a plus d’idée de rareté dans les disques, on a plus de classics.

Il est presque 9h, on est tous cassé … Ludovic Llorca s’endort, Rork continue sa balade dans le train, il filme la neige des Vosges. Le cadre est magnifique, j’ai la chance d’être avec deux des musiciens que j’aime le plus, ils sont naturels et ne se prennent pas la tête. Avant de laisser Ludovic à son sommeil, je lui parle d’un projet : une nouvelle soirée Lemon Sound … cela lui plait, Rork aussi, la date est prise, ils seront aux platines, en ping pong avec Lady Bird au micro. Suis-je en train de rêver ?