Kenny Dope Gonzalez (MAW)
« Choice » est un collector regroupant les chansons favorites de Kenny, alors qui de mieux placé que lui pour en parler ? Entrevue avec un des barons de la house qui nous parle de sa dernière sortie et de sa carrière solo.
Tu as eu une éducation musicale intéressante et quand tu étais adolescent tu as trouvé un job derrière le comptoir du WNR Music Centre. A quelle sorte de musique étais-tu exposé ?
« Il y avait du rock, de la dance, du freestyle, de la soul et du hip-hop. J’ai fini par devenir acheteur, et c’est pour rencontrer les personnes de ces différents milieux que je me suis introduit dans la musique. »
Que penses-tu du fait qu’on vous ait collé une étiquette depuis que Masters At Work existe, toi au son lourd et Louie aux percussions ?
« J’ai fait pas mal de trucs dans le genre, mais c’est vrai que les gens aiment nous catégoriser… «
C’est ce préjugé qui a participé à ton envie de produire seul ?
« Quand MAW fait des trucs ensemble, c’est vraiment magique ! Mais séparément, je suis capable de prendre des risques, parce que cela ne concerne que moi. Je suis également reconnu d’une façon différente. Pour être honnête, après Nuyorican Soul, j’ai eu envie de tout laisser tomber et de faire quelque chose par moi-même, mais je me suis rendu compte qu’il ne valait mieux pas parce que c’était un caprice de ma part. Ça aurait été très égoïste de tout arrêter et de faire quelque chose tout seul. Donc nous avons continué ensemble pendant deux ans, et c’est après ça que nous avons finalement fait un break. C’était en 1999-2000. Nous continuons toujours à faire des trucs ensemble, mais maintenant on se démarque l’un de l’autre et les gens commencent à réaliser qui est Kenny Dope et ce qu’il a fait dans MAW et dans la musique house en général. »
Pour faire cette nouvelle compilation, tu as dû piocher dans toute ta collection de disques…combien en possèdes-tu aujourd’hui ?
« A peu près 35000. J’ai eu pour habitude de demander à ce qu’on m’emmène directement de l’aéroport chez les meilleurs disquaires de la ville. Du coup, j’en ai presque de tous les pays dans ma discothèque – Turquie, Grèce, Allemagne… c’est complètement fou – Tu sais, tu pars quelques jours, tu fais le plein de disques, tu finis par ne plus jamais les réécouter et puis ils finissent au placard. Je dois avoir dix ou quinze potes collectionneurs inconditionnels comme moi. On a tous des collections différentes et on s’échange tout le temps nos trouvailles. La période que je préfère c’est celle de 1968 à 1976-1977. Ca c’est vraiment ma période. »
C’est une époque (où le Disco régnait en maître) qui est reflétée dans cette compilation, n’est-ce pas ?
« Azuli s’attendait à une compilation House, mais moi je n’avais pas envie de faire ça. N’importe qui peut mixer de la house, moi je voulais créer une histoire, et c’est ce que j’ai fait. Je prends des breaks, j’en fais des boucles, je rajoute des trucs dessus et je m’éclate. C’est exactement ce qui manque dans la musique Dance de nos jours. Les gens ne s’amusent plus. »
Donc tu as eu beaucoup de plaisir à faire cette compilation ?
« J’ai quelques compilations à mon actif maintenant, et là je voulais me focaliser sur des disques qu’on n’a pas l’habitude d’entendre. J’ai 36 ans cette année et j’essaie constamment d’éduquer la nouvelle génération. J’ai essayé de capturer l’essence d’une époque. Je voulais donner à cette compilation une ambiance particulière – le son typique de l’époque où j’ai commencé à mixer. Tu sais, j’ai cinquante ou soixante mix tapes que j’ai faites rien que pour moi, pour les écouter, et ça je pourrais le refaire toute ma vie. »
Quelle image de toi-même espères-tu donner avec la sortie de Choice ?
« Je ne suis pas seulement dans le Hip-hop ou dans
la House , je suis dans la musique. Tout le monde tombe dans le piège d’essayer de catégoriser son style, mais à la fin de la journée, tu te rends compte qu’il y a toujours du bon et du mauvais dans ce que tu as fait, quoi que tu aies fait. Il y a des trucs que tu sens bien, et d’autres par contre que tu as envie de jeter à la poubelle. Je suis vraiment dans l’optique de faire autre chose que juste une rythmique. J’ai l’impression que beaucoup de gens se rendent compte enfin de ce que j’ai entrepris ces deux dernières années. Parce c’est uniquement ça que j’ai fait ces derniers temps. »
En parlant d’image, comment ressens-tu le fait que certains pensent que tu n’es pas quelqu’un de très abordable ?
« C’est en partie de ma faute, parce que je n’ai jamais vraiment parlé aux gens. Tu vois par exemple, si je devais aller mixer, j’irais un quart d’heure avant, je ferais ce que j’ai à faire et je m’en irais. Je ne me socialiserais pas et tout le monde me prendrait pour un crétin. Mais à travers toutes ces compilations, je peux exprimer mes pensées et montrer qui je suis. »
Merci à Azuli Records et IMD.
Traduction par Sarah S. et Julie R.