Kenny Dope Gonzales

Kenny Dope Gonzales

Quelques semaines après la sortie de la compilation Pure, et quelques minutes à peine avant le début de sa prestation au Queen, Kenny Dope, l’un des deux membres des Masters at Work nous reçoit dans sa suite et parle de sa collaboration avec les français,

Kenny, tu as mixé pour la dernière compilation PURE et l’on te retrouve ce soir une fois encore au Queen… Tu commences à te sentir un peu chez toi ?

Cela fait quelques fois que je viens maintenant en effet, alors les organisateurs savent ce qu’il faut faire pour me mettre à l’aise, par conséquent c’est un peu comme être à la maison tu vois… Cela va commencer dans un instant là …

Que peut-on attendre de ta part ?

Et bien, tout le monde est différent, dès lors, il faut d’abord rentrer dans le club et évaluer, tu y vas et tu vois comment tu te sens…Je ne sais pas à l’avance ce que je vais jouer !

Tu as travaillé avec des grands artistes de la musique soul, black, jazz. Préfères-tu le rôle de producteur à celui de DJ ?

Et bien, j’apprécie les deux. Le seul problème, en tant que DJ c’est d’avoir à voyager, c’est vraiment cela qui m’ennuie, prendre l’avion, faire les valises…Mais une fois que j’arrive à destination, c’est bon, je suis plus cool.

J’adore le studio, c’est un peu mon premier amour. J’adore créer… En revanche, faire de la musique en studio, puis la tester en club…. on peut difficilement rêver mieux, non ? Je pense que c’est un gros avantage sur d’autres producteurs, car beaucoup n’ont pas cette chance : jouer ton morceau aussitôt après l’avoir fait.

Tu penses accorder beaucoup d’importance à la créativité d’un mix en club ou bien ton objectif principal est de communiquer avec le public ?

En fait si je suis plutôt calme en interview, derrière les platines, c’est parce que je ne communique qu’au travers de ma musique, c’est grâce à elle que je donne une voix à beaucoup d’opinions, que j’essaie différentes choses.

A quoi peut-on s’attendre de ta part et de celle de ton label dans le futur ?

Hmmm… nous avons fait du Masters at Work pendant 14 ans. Maintenant Louie a ses projets, j’ai les miens. Alors les gens ont tendance à croire qu’on est séparé, mais ce n’est pas le cas ! On est juste arrivé à une phase dans laquelle on veut faire chacun quelque chose de différent
Je fais beaucoup de morceaux Soul, R’nb en ce moment, c’est vers là que j’ai envie de me diriger pour ces prochaines années. Je crée beaucoup, je veux sortir des albums, des albums « mainstream ».C’est vraiment mon objectif à présent, parce que je sens que je peux apporter quelque chose de différent de ce qui se fait actuellement.

Tu veux dire y mettre une énergie plus « house » ?

Pas véritablement « house »mais donner une influence aux chansons, qu’elles soient dansantes, et qu’on puisse les intégrer à un mix house. En somme, il s’agit pour moi de réunir ces influences pour créer un nouveau style.

Tu as été une énorme influence pour les djs français comme Gregory, Martin Solveig, Bob Sinclar… Ont-ils une influence sur toi à leur tour ?

En tant que dj oui car je reçois l’influence de beaucoup de personnes différentes, même des choses très curieuses. Cela peut même être quelque chose que quelqu’un dit… Ils font leur chemin, je sais que j’ai été l’un de ceux qui les a influencés, qui les a poussés à produire, à être dj mais nous sommes arrivés à un point où l’on s’inspire tous les uns des autres. C’est un va et vient. Mais ils sont bons ! Ils viennent de jouer à notre soirée à Miami. On travaille ensemble et on pousse en avant cette musique. Ce que je peux dire c’est que lorsque Louie et moi on est entré en scène, on a réuni beaucoup de gens. On voulait voir les gens ensemble, des gens de différentes origines, des français, des blacks, des blancs, on s’en fichait ! Du moment que les gens allaient dans la même direction que nous.

Quand on voit du talent quelque part, on joue leur musique, on a pas de problème pour les pousser, les aider, leur donner des conseils. Désormais c’est en France que ça se passe, votre pays voit naître des nouveaux styles, mélodieux, électroniques…

Retiens-tu des morceaux de la Winter conférence de Miami la semaine passée ?

Je ne sais pas, je ne peux pas dire pour le moment.

Et pour ton label ?

Et bien je suis à peine rentré chez moi et je n’ai pas eu la chance de jouer encore beaucoup de promos de là-bas alors je ne peux pas vraiment dire quel morceau sort vraiment du lot. Je pourrai répondre quand je serai rentré et que je les aurai joués en club. Il y a beaucoup de disques…voire même trop !

Et tes productions personnelles récentes ?

Beaucoup de choses…J’ai fait un morceau avec R-Kelly, j’en prépare un autre avec Jill Scott, un remix pour Amp Fiddler, un remix de « I got Rythm », un mix house, il y a aussi « Maw electronic » qui arrive, très instrumental éléctro. Il y a beaucoup de choses sur lesquelles je bosse, ce n’est pas encore fini…

La demande en dj U.S est grande de la part des français. Tu penses que la starification des djs peut-être un bien ?

Comme je disais, en tant que dj, tu peux faire beaucoup avec les morceaux, comme les tester en club et voir si cela marche, ce qui peut être modifié…Bien sûr, j’ai nécessairement une influence, notamment sur les plus jeunes, mais le principal, ce que je veux leur dire, c’est qu’il faut être capable de choisir par toi-même les morceaux qui te font vibrer, être original, et ne pas le jouer parce que moi ou quelqu’un d’autre le joue. On a pas mal de pouvoir de ce point de vue-là, mais l’essentiel c’est de développer son propre style, et de mettre les morceaux que l’on sent, que l’on aime. Il ne faut pas avoir peur de cela et je crois que justement beaucoup de gens ont peur de dire « j’aime cela » ou bien « non celui-là je n’aime pas ».Or c’est cela le plus important…

Interview réalisé par Julie D & Heartbeat
Merci à ULM, PURE et Kenny DOPE
Réalisé à Paris en Mars 2004