Interview Fafa Monteco

Interview Fafa Monteco

1 – Fafa, tu es de retour au Redlight cette saison,  j’aimerais que tu nous dises pourquoi tu as choisi d’y revenir?

C’est un des rares gros clubs à Paris ou tu peux encore fédérer sur des sons pointus. Une alternative aux grandes salles comme l’Elysée Montmartre ou le Bataclan, et aux lieux plus petits, entièrement dédiés à notre musique, comme le Rex ou le Batofar. Je pense que le Redlight a une carte à jouer, celle d’un club comme Turnmills à Londres, un grand club tek un peu dark, destiné aux jeunes qui aiment prendre des bains de foule sur des dancefloors immenses et de la musique underground. Il n’y aurait donc plus aucune concurrence avec le Mix qui s’est repositionné sur du plus commercial. 

2 – Quels sont les artistes que tu aimerais faire venir au Redlight? 

Parmis les plus connus Matthew Dear, Locodice, Luciano, Dennis Ferrer, Jamie Jones… On les a certes déjà vu à Paris mais pour le Redlight c’est un bon tremplin pour habituer les clubbers à un style musical plus pointu, et les amener progressivement vers des djs comme Matthew Style, Sebo K et Radio Slave par exemple.  

3 – Terry et toi, vous avez participé à la deuxième compilation du Redlight qui, pour ma part, est excellente, comptes-tu renouveler cette expérience si on te le proposait ? Et si oui, quel serait sa couleur ? (Quel style ?)

Oui bien sur pourquoi pas. Comme la premiere ce sera un reflet de tout ce qu’on peut entendre dans mes sets, tout simplement. 

4 – Quels sont tes influences les plus récentes en matière de musique électronique ? (aussi bien dans tes choix de playlist qu’en production).

J’aime tout ce qui est funky, sexy, deep et aérien, de la house minimale et trippy à la deep techno, bref, des tracks que tu peux jouer aussi bien en milieu de soirée qu’en after. Dans mes playlists, tu retrouves souvent des artistes comme Jamie Jones, Sebo K, Damian Schwartz, Petre Inspirescu, Frankie, Alejandro Vivanco, Redshape …et des labels comme Freak N Chic, Crosstown Rebels, Mobilee, Cocoon, 20:20, Brique Rouge, Kill The DJ, Objektivity, Apnea, Tsuba, Meerstief … Je sais que je suis loin d’etre le seul à jouer ce son là, mais c’est l’univers qui me correspond le mieux en ce moment.       

5 – La nouvelle vague de clubber est arrivée, est-ce difficile de s’adapter ?

Je ne cherche pas à m’adapter mais à rester moi-même. Il est vrai cependant que c’est de plus en plus difficile d’accrocher la nouvelle génération de la musique spé, tout simplement parce que les clubbers d’aujourdhui, contrairement à ceux de ma génération, ne se sont pas nourris de la culture techno, mais ont pris le train en marche. Ils n’ont donc pas la même sensibilité musicale que ceux qui comme moi se sont pris la naissance du mouvement techno en pleine gueule, et ont passé pas mal de temps dans les raves, les clubs, les shops, se sont nourris de l’évolution du mouvement, de ses producteurs, ses djs, ses labels, ses promoteurs …  Aujourd’hui les jeunes se déplacent pour des noms, des artistes qu’ils connaissent suite au succes, à l’exposition et la hype de certains, tout comme ils vont voir n’importe quel chanteur ou groupe qu’ils aiment dans un concert. Mais à la difference d’un artiste en concert, un dj ne joue pas que les titres de son répertoire, et donc sans un minimum de culture musicale les jeunes peuvent ne pas comprendre ce qu’on joue et être perdus. C’est ce qui explique la différence entre la première génération post-disco dont je fais parti et la troisieme dont font parti les nouveaux clubbers. Nous n’avons pas le même vécu musical, donc nos attentes en terme de clubbing sont différentes.

6 – Que penses-tu par exemple de ce phénomène Tecktonik ?

Je n’ai rien contre. Je trouve plutot positif que blacks, blancs et beurs puissent se « fighter » pacifiquement et autrement qu’avec des coups et des injures. Je suis pour tout ce qui est rassembleur. Je regrette seulement que ce mouvement soit né sur de la musique de merde, à la différence du break-dance dans les années 80, né sur l’electro new-yorkaise d’Arthur Baker et ses potes. L’electro-funk, la Zulu Nation, le break-dance et les graffeurs, la on pouvait parler d’un vrai mouvement, noble et universel.   

On termine avec quelques questions un peu plus personnelles : 

7 – Que fait Fafa Monteco pendant les périodes de juillet et août ?

Je tourne beaucoup en privilégiant bien sur les festivals, soirées plein air, beach parties etc… Tant qu’a faire! 🙂

8 – As-tu des choses à reprocher au « clubbing » Français ?

Le clubbing français n’arrive malheureusement pas à sortir du schéma: bonne soirée = grand nombre de bouteilles vendues dans le vip. Pourtant beaucoup de clubs à l’étranger arrivent à fonctionner autrement tout en étant rentables. Lorsque la bonne santé d’un club repose sur le nombre de bouteilles vendues dans le vip, la créativité s’en trouve bridée. On passe d’une logique artistique à celle d’un supermarché: peu importe la musique qui est diffusée tant que les bouteilles remplissent le caddie. C’est le mot d’ordre de trop de patrons de boites à leurs d.a : « Faites moi rentrer beaucoup d’argent et vite ». Alors on programme tout et n’importe quoi, sans véritable cohérence artistique, sans vision sur du long terme, un dj tecktonik le vendredi, un dj minimal le samedi!!! Le problème est que sans cohérence artistique le club n’a pas d’identité, et donc de dynamique globale. Et une identité forte ça ne se crée pas du jour au lendemain, ça se construit avec le temps. Si tu te contentes de programmer des djs sans insuffler un état d’esprit et donner une couleur musicale à ton club, tu vas faire rentrer des sous certains soirs mais tu condamnes ton club à sa perte sur du long terme. Il serait temps que certains patrons de boites le comprennent: Choisissez un camp, que ce soit du pointu ou du commercial, et faites le à fond. Mais arrétez de vouloir bouffer à tous les rateliers, ça ne fonctionne pas, et ça fait du mal au clubbing. 

9 – Quel est ton rêve le plus fou en matière de Djing ?

Pour parler de choses plus légeres je suis un fan de science-fiction. Un club dans l’espace, accésible en navette spaciale, avec un dome vitré transparant et panoramique jusqu’au sol, et donc une vue imprenable à 360 ° sur l’espace et la terre vue du ciel, ce serait mortel 🙂  Mais ce ne sera pas de mon vivant!  

10 – Que peut-on te souhaiter pour la suite ?

Ce que je souhaite a tout le monde: Avoir la chance de vivre le plus longtemps possible de sa passion, tout en restant simple et bien dans sa tête.  

www.myspace.com/fafamonteco

www.hypnoticmusic.com

Prochaine Hypnotic Party: Samedi 26 Janvier 2008 avec Ralph Lawson & Dyed Soundorom