Interview de Play Paul

Interview de Play Paul
C’est en me promenant sur le net que je suis tombé par hasard sur une interview de Play Paul, DJ, Producteur, Chanteur, Live Performer, mais aussi petit frère de Guy-Manuel de Homem-Christo … oui, un des deux robots français connus all « around the world« . Play Paul n’est pas tellement bavard, pas tellement promo, pas tellement « langue dans sa poche » et c’est pourquoi je remercie Kidz by Colette de nous avoir permis d’utiliser cette interview afin de la partager avec vous !


Bonjour Play Paul, pourrais-tu te présenter en quelques phrases pour tous ceux qui ne te connaissent pas ?

DJ, Producteur, Chanteur, Live Performer Parisien de 31 ans.
Bientot 10 ans de carrière. Au fil des ans j’ai sorti des maxis sur des labels comme Roulé/Scratché, Crydamoure, Defected, Kitsune et Gigolo entre autres.

Quelles sont les personnes qui t’ont donné l’envie de t’investir dans la musique électronique ?

Mon grand frère évidemment, un certain robot, par mimétisme de petit frère et par un certain amour de l’euro-dance (à la base).

Quels souvenirs gardes-tu de ta première soirée en tant que DJ ? bon ou mauvais souvenir ?

C’était au Rex Club, en juin 1998, en pleine Coupe du Monde pour une soirée Hometown organisée par Jesse & Crabbe (Fiat Lux).
Je mixais pour la première fois en club et pas n’importe lequel, c’était assez intimidant au départ et très excitant aussi.
Tout s’est bien passé. Je garde le souvenir du VJ à côté de moi qui m’avait dit qu’il n’avait jamais entendu un Dj mixer avec les retours aussi peu forts.
La soirée s’était bien passé donc c’était bien la preuve que ce n’était pas la peine de lui faire saigner les esgourdes pour faire danser le peuple !

Quelles sensations aimes-tu proposer à ton dancefloor lors d’un DJ Set ?

J’en citerai trois : l’énergie, la bonne humeur et l’envie de danser collé serré de façon sexy.
il est toujours très important de faire danser les filles car qui dit “filles qui dansent” dit “hommes qui dansent” dit “tout le monde danse”.

Tu signes depuis plusieurs mois voir même années sur de prestigieux labels comme Gigolo, Kitsune, Defected, Crydamoure, Craft, Set… Que t’apporte le fait de pouvoir signer sur de nombreux labels ? Cela permet-il de s’ouvrir plus facilement à d’autres types de sonorités ?

Je suis resté assez longtemps dans la famille Crydamoure. Bien que j’ai adoré cette période, mon caractère insoumis et libre fait que je n’aime pas m’enfermer dans une quelconque exclusivité, je n’en ai aucune que ce soit au niveau musical ou au niveau des agences de bookings. Je reste libre. De plus, ne pouvant me cantonner à un style bien précis de musique électronique, je me voyais mal proposer de la disco-house à un label comme Gigolo, pour donner un exemple. Il me semblait donc normal de proposer certains morceaux à certains labels qui étaient alors les plus à même à bien promouvoir et répandre ma musique selon le style.

Breathe” avec Nicos Marcos est ton dernier EP. Qu’est-ce que ça représente pour toi ?

Disons que pour l’instant il représente un échec “relatif”. Tous les indicateurs étaient bons, que ce soit les retours des dj’s, la presse et l’engouement des différentes plateformes de vente de musique online (beatport et autres).
Malheureusement le maxi est sorti début août ce qui est de loin la pire période commerciale. Je ne peux pas imputer cet échec à la seule période de commercialisation mais nous sommes à une époque à la fois de surconsommation et de consommation immédiate. Les gens étant en grande majorité en vacances à cette période, je pense qu’à leur retour, d’autres tracks sur lesquels ils avaient dansé faisaient leur apparition online et dans les bacs, reléguant “Breathe” à une position moins intéressante.
Je considère le maxi comme un échec à partir du moment que, contrairement à d’autres de mes productions, j’avais plus d’espérance et d’attentes.

Que ce soit en solo ou en duo, ta façon de travailler est-elle la même ?

Que ce soit avec Buffalo Bunch à l’époque ou avec Nicos, ma façon de travailler reste sensiblement la même vu que l’on travaille toujours dans mon studio. Je suis donc celui qui connaît le mieux les machines et la configuration.
Ensuite la collaboration peut varier à bien des niveaux, que ce soit les mélodies ou la production. D’une manière générale, je m’occupe tout le temps des arrangements et des structures, quant aux mélodies, elles peuvent aussi bien provenir de mes partenaires que de moi.

De quoi se compose ton studio ?

Je suis passé aux softwares depuis deux ans. Je travaille avec Logic Express, Battery 3, Korg Collection, Reaktor 5. Néanmoins, j’utilise toujours mon ATC 1 et parfois mon Orbit. J’utilise toujours ma table de mixage Mackie 16 et mon compresseur Behringer. Ca fait un peu vendeur à Pigalle tout ça dis donc…

Si tu ne devais garder qu’une seule de tes productions, laquelle serait-ce ?

Dur dur… D’autant plus qu’avec le recul, je commence à redécouvrir certaines de mes anciennes productions et à les apprécier différemment, avec détachement.
Je pense que “Love Song” reste la chanson la plus représentative de toutes mes influences musicales. On y retrouve mes influences house, rock, R n’ B et electro.
C’est mon morceau le plus “achevé”.

Quelle vision portes-tu sur la scène électronique en cette fin d’année 2007 ? Penses-tu que de nouveaux courants peuvent apparaître en 2008 ?

La minimale règne en maîtresse en Allemagne et l’électro-clash à la française devient de plus en plus forte.
Je vois mal la minimale devenir encore plus minimale (au vu de certaines productions, on atteindrait le silence) ni l’électro-clash devenir encore plus violente et agressive car elle l’est déjà suffisamment comme ça.
L’électro-house est devenue la nouvelle euro dance comme la house l’était devenue avant elle. A défaut de parier sur telle émergence de tel style, je préfère constater que depuis le début de l’aventure “techno”, des courants bien différents des uns des autres n’ont eu de cesse d’apparaître et que c’est loin d’être fini.

Que penses-tu de la scène française ?

C’est redevenu une des meilleures après quelques années de dépression suite à l’explosion de la french touch filtrée.
Nous sommes toujours autant capables de prouver que seule la langue nous handicape mais que musicalement, à l’instar de notre façon de jouer au football ou au rugby, nous restons très créatifs avec un sacré sens du rythme et de la mélodie. Nous avons un savoir faire certain.

Nous te connaissons moins bien en DJ Mix. Quels sont les endroits dont tu gardes les meilleurs souvenirs ?

J’aime énormément Munich. Je joue principalement en Allemagne et Munich (et la Bavière en général) est la ville allemande qui ressemble le plus à Paris au niveau de la connaissance musicale.
Il y a de très bons clubs comme die Registratur ou Rote Sonne. C’est dans cette région que j’ai vu les gens le plus pété les plombs et faire la fête.
J’adore Berlin, c’est ma ville préférée après Paris mais c’est vraiment la roulette russe avant de jouer. Impossible de savoir comment ça va se passer à l’avance, que ce soit au niveau de l’affluence ou de l’ambiance. C’est là-bas que j’ai eu mes plus grosses surprises, positives ou négatives. Début octobre, j’y ai découvert ce qui serait l’équivalent de notre Paris Paris, le Picknick. Je le recommande vivement.

A l’inverse quelle soirée ne voudrais-tu pas revivre ?

Hummm… Je ne suis pas du genre susceptible. j’ai joué ce printemps à Malmö en Suède. Je me suis retrouvé à chanter devant les promoteurs et un fan bourré qui chantait ma reprise de “Lalaland” en courant dans la salle vide. On se sent seul mais c’est assez drôle en même temps.
Je dirai que le pire est quand je joue seul sur scène dans un festival et que ça ne prend pas, comme à Haale en Allemagne ou à Séoul début octobre. Gros moment de sollitude en perspective.

Un titre à conseiller en ce moment ?

“Woman in Love” de Barbra Sreisand. Ca peut sembler être une blague mais au lieu de choisir parmi 20 bons tracks actuels, je préfère parler d’un chef d’oeuvre que j’ai découvert que très récemment et qui a eu autant d’influence sur les “chanteuses à voix” que Daft Punk sur la nouvelle vague électro française. N.B. : cette chanson est produite par les Bee Gees.

En dehors des musiques électroniques, qu’aimes-tu écouter ?

Ca peut paraître paradoxal mais je n’écoute pas de musique. Je préserve mes oreilles et j’ai peur d’être influencé malgré moi. Le fait de ne pas trop écouter de musique fait que mes propres productions viennent vraiment du plus profond de moi. Mais j’avoue que je prends toujours un certain plaisir à récouter mes vieux albums de heavy metal et de thrash (Megadeth, Slayer, Skid Row, Danzig…). Je suis avant tout un rocker, je viens du rock à l’instar d’un Dick Rivers ou d’un Johnny.
Je compte bien y revenir à vrai dire. Des démos sont prêtes mais la motivation est molle. Je ne vous ai pas dit ? Je suis un sacré BRANLEUR !

Un conseil à prodiguer à toute personne qui aimerait s’investir tout comme toi ?

Si je relis ce que je viens d’écrire à l’instant, je lui conseillerais vivement de s’investir plus que moi ! Surtout à l’heure actuelle ! Sinon, il peut pointer direct à l’ANPE ou apprendre à bien se servir de sa langue et de son c– !

Pour terminer cette interview Paul, désires-tu conclure sur quelque chose ?

Question triviale… Si les gens pouvaient moins se la raconter et être eux-mêmes avant tout, ça serait pas mal… Surtout à Paname. Je déplore qu’à l’heure où je parle, des jeunes se sappent en fluo pour exister.

Un grand merci à Paul.

Et encore un grand merci également à Kidz by Colette !