Interview combo de Renato Cohen et Technasia : )

Interview combo de Renato Cohen et Technasia : )

Pour leur venue au Rex Club ce vendredi soir, j’ai pu avoir la chance d’interviewer pour vous (et moi) Renato Cohen et Charles Siegling de Technasia.
Ne manquez pas la Steppin’ Show ce soir !

Hello guys, pourriez-vous vous présenter l’un l’autre ?

CHARLES: Renato est un des parrains de la scène électronique du Brésil. Il y
mixe toutes les semaines dans les clubs principaux depuis plus de 10 ans. Il
est très respecté et apprécié dans son pays natal. Il est devenu célèbre
dans le milieu techno grâce à son tube « Pontape » sorti sur Intec en 2003. Il
a sorti par la suite plusieurs maxis sur différents labels, dont le mien,
Sino. Il travaille depuis plus d’un an et demi sur son premier album (sortie prévue pour après l’été).

RENATO: Technasia est une collaboration entre Amil de Hong Kong et Charles de Paris. Ils font de la musique depuis 1996 et ont réalisés plusieurs hits sur la dernière décennie. J’ai rencontré Charles au Brésil vers 99, où nous jouions à une très bonne soirée. Dès lors, nous n’avons eu cesse de renouveler l’expérience.

Amil & Charles ont récemment sorti le maxi « Oxide », suivi d’un « Oxide remixes » par Renato, vous travaillez souvent ensemble ?

RENATO: Récemment j’ai beaucoup travailler avec Charles car il me file un coup de main pour mon album. Même sans cela, nous sommes très connectés musicalement.

CHARLES: Renato et moi sommes très amis. On partage de nombreuses choses en commun, surtout musicalement et culinairement 🙂 C¹est une suite logique pour moi de travailler sur des projets avec lui. Je l¹aide sur le mixage de plusieurs morceaux pour son album et je vais probablement faire un ou deux remixes pour lui prochainement. On prépare également une tournée live ensemble pour cet été. On a déjà pas mal gros festivals prévus comme Monegros en Espagne, Wire au Japon et Electromind à Montpellier. Il y aura de toute façon une case avec arrêt obligatoire au Rex pour ce projet bien sûr.


Charles, comment tu t’organises pour bosser pour travailler de manière continue avec Amil ?

CHARLES: Franchement, je ne sais pas… 🙂 Ca fait plus de dix ans qu’on arrive à gérer des emplois du temps de dingues, entre les dates en dj et live aux quatre coins de la planète, le management et booking des artistes dont on s’occupe et toutes les sorties des labels que l’on produit. Sans oublier de prendre du temps pour bosser sur nos propres prods. C’est assez compliqué, on gère pas mal de choses online. On n’a jamais vraiment eu de bureau central pour le label, si ce n¹est celui d’Amil basé à Hong Kong. On se dit toujours qu’on n’arrivera pas à terminer tel ou tel projet à temps, et puis finalement, comme par miracle, les choses se concrétisent toujours. Les choses marchent assez bien pour nous dans ce grand bordel. Et on a toujours pu faire tout ce qu¹on voulait de cette façon donc on n’a pas de raison de changer le fonctionnement.

Est ce que Technasia et ses sub-labels ce n’est pas finalement une grande famille autour de la Techno?

CHARLES: Oui c’est quelque chose comme ça. Ça a toujours été notre but à Amil et moi, de pouvoir partager notre aura avec un groupe d’artistes qui ont un univers musical proche du nôtre. C’est très intéressant de bosser comme ça. Ca permet de créer des projets qui n’auraient jamais pu voir le jour s’ils avaient été fait d¹une manière plus neutre. C’est de toute façon la formule qui a toujours marché pour les labels. De Dance Mania, Relief, Drumcode à Border Community, Kompakt ou Cocoon, il y a toujours un noyau dur qui partage avec une famille.


Est ce que le Rex Club et particulièrement le Steppin Show c’est un point de rendez-vous pour les artistes du label ?

CHARLES: Oui tout à fait. Ça s’inscrit dans la logique du label. On a commencé les Steppin’ Show avec John Thomas, dont on manage tous les labels, et il était bien évident depuis le début que des gens comme Renato Cohen ou Joris Voorn y auraient une place privilégiée pour jouer. La nouvelle recrue de notre label Sino, le jeune espagnol Dosem, fera d’ailleurs son premier live en France ce soir au Rex pour la Steppin’ Show.


Y’a t il d’autres clubs dans le monde où vous aimez vous rencontrer ?

RENATO: Il y a un très bon club à Sao Paulo qui s’appelle le Clash. Charles et moi y avons joué ensemble l’an dernier. Aujourd’hui ils ont encore amélioré l’endroit et le public devient plus nombreux et encore meilleur. Je suis impatient d’y retourner !

CHARLES: J¹ai une résidence au Womb a Tokyo tous les 3 mois, qui s’appelle « X ». C’est le même concept que la Steppin’ Show. On invite des artistes dont on est proche. Même si ils ne signent pas tous sur nos labels, ce sont soit des producteurs dont je suis fada, ou des gens avec qui nous entretenons des relations d¹amitié depuis des années. Il y a aussi, bien entendu, le Fuse à Bruxelles où j’ai joué de nombreuses fois avec Joris Voorn, Steve Rachmad et Renato (samedi prochain). C’est vraiment, comme le Rex, une Mecque de l’électronique, y’a pas photo.

Que pensez vous de la scène Techno aujourd’hui ?

RENATO: Je fais de la Techno depuis 1994, c’est assez dur de parler de cette scène après toutes ces années. Je sens que ça a un peu perdu de sa magie, mais c’est presque naturel lorsqu’un phénomène devient aussi important.

CHARLES: Ca mériterait des pages et des pages de commentaires. J’ai vu, comme beaucoup d¹autres artistes qui sont là depuis les 90¹s, une évolution assez étrange de ce mouvement. La scène techno est par son essence underground et entièrement basée sur la qualité de sa musique. Mais elle se veut également aujourd’hui plus axée sur le style, le look et le cool. C’est à mon avis deux choses qui ne font pas bon ménage. Ce qui me déplait aujourd’hui le plus dans l’électronique en général, c’est la sectorisation des genres et des styles. On ne te laisse plus faire ce que tu veux quand tu mixes ou quand tu produits, sinon on te critique sur des forums bourrés de commentaires imbéciles par des ânes qui se prennent pour des érudits. Ton son doit être impérativement formaté de telle ou telle manière pour paraître comme tous les autres DJs ou producteurs, sinon, t’es pas bien. C’est vraiment débile. On laissait beaucoup plus de marge aux artistes auparavant.
Par contre, ce qui me plait beaucoup aujourd’hui, c¹est que les moyens techniques pour créer et jouer de la musique sont vraiment de qualité et sont facilement accessibles à tous. Si le mec à du talent, ça lui permet vraiment de le développer de plus bel. On est passé aujourd’hui à un autre niveau de composition, et je trouve ça très intéressant.

Avec l’évolution de la musique électronique et des technologies, avez-vous changé votre façon de créer de la musique, et votre son ?

RENATO: Définitivement oui, j’ai beaucoup changé, mais je pense que l’envie et nouvelles idées viennent avant la technologie, l’inverse ne fonctionne jamais vraiment bien.

CHARLES: C’est inévitable, je crois. On ne fait pas de la musique comme il y a 10 ans, tout simplement par ce qu¹on n’utilise pas les mêmes machines pour composer et mixer. Par contre, j¹aime toujours autant la Techno, dans tous ses recoins, soft ou hard, deep ou énergétique, et ça ne changera pas. Le Hip-Hop, la House et la Techno sont les fondements de l’electronic dance music, le reste ne sont que des genres qui en découlent. Essayer de changer ça, c’est comme enlever le Rhythm & Blues au Rock. Quant au son electro rock qui marche en ce moment, ça me laisse de marbre. Quand j’étais ado, j¹ai vu énormément de concerts Punks, New Wave et Gothic Rock. Ça allait  de Sonic Youth à Einstuerzende Neubauten en passant par Legendary Pink Dots. J’ai joué il y a quelques mois avec Digitalism live en Hollande. J’ai trouvé ça assez bien, mais ça serait tellement mieux si ils utilisaient de vraies guitares au lieu de faire semblant avec des samples.


Quel sont vos projets, indépendamment et à plusieurs ?

CHARLES: Comme je lai dit précédemment, une tournée avec Renato et moi en live pour cet été. On termine également la production de son premier album. Quant à Technasia, il y aura un nouveau titre après l¹été et on commencera à bosser sur un nouvel album en 2009… Ou en 2010…. Ou 2011 😉

Et concernant vos labels ?

CHARLES: Pas mal de sorties et de nouveaux artistes sur Sino: on prépare un album avec le Hollandais Gideon, on a signé trois nouvelles recrues latines: Dosem (ce soir au Rex), Luis Nieva (Argentine) et le franco-brésiien Delaze. J’ai également en tête de sortir un maxi sur Sino avec le munichois Alex Bau. Je suis vraiment fan de ses prods. Sinon, John Thomas prépare son deuxième album, « The Unlimited Experience », sur Ethique Music en collaboration avec sa femme brésilienne Barbara. Il y a également d¹autres projets en cours, mais comme ce n’est pas encore confirmé, je me tais…


Peut-on s’attendre à ce que vous fassiez un ping pong ce soir ?

CHARLES & RENATO: Peut-être qui sait… Mais au jour d’aujourd’hui nous préférons le tennis : )

On pourra donc s’attendre à de grosses balles ce soir…
Merci à Charles et Renato de nous avoir accordé du temps, et à Aurélien d’avoir organisé tout ça !