DJ Yass

DJ Yass

A quelques jours de la sortie de son nouveau maxi « Irrisistible » nous avons rencontrés Yass pour qu’il nous parle de ses résidences, de son travail de producteur au sein du label SSOH et de ses projets de remixes…

Pour commencer Yass, pourrais-tu te présenter et nous raconter comment tu es arrivé derrière des platines ?

J’ai commencé très jeune, vers l’age de 13 ans lorsque j’ai vu une vidéo d’un DJ entrain de scratcher j’ai été attiré par son geste, j’ai été curieux. J’ai donc ressorti la vieille platine de mes parents, quelques vinyls et tout d’un coup j’ai été happé ! J’ai acheté tout le matériel nécessaire : platines, disques et rapidement j’étais le bienvenu lorsque les mecs de ma classe faisaient des soirées ! Du fait que je me sois entraîné très jeune, lorsque j’ai atteint l’age de 18-19 ans, j’avais déjà un bon niveau.

Beaucoup de Djs, dont toi, ont commencé la musique par le Hip Hop, penses-tu que travailler sur du Hip Hop au départ soit une bonne formation ?

Oui vraiment parce que tu apprends à fouiner et à piquer des sons à droite à gauche. Tu apprends à jouer avec les matières et au niveau technique, c’est plus exigeant en hip-hop qu’en House. Aujourd’hui je me suis arrêté à la house funky, garage mais j’ai toujours des bases hip-hop au fond. Je suis très proche de l’esprit originelle de la house & du hip-hop qui sont deux musiques de ghetto à l’origine. J’essaye d’être à cheval sur les nouvelles tendances et sur les origines de la musique, ça m’intéresse de travailler de cette manière. Je suis proche de DJs comme Dimitri From Paris, Gregory ou DJ Deep qui eux ont connus cette époque minimaliste où on gardait l’esprit originel de la House. A côté de ça, je vois des jeunes en studio qui se prennent la tête à vouloir trouver des nouvelles directions, à faire des fusions entre les sons RnB & House comme le font les Neptunes actuellement.

Si ma mémoire est bonne tu as commencé à mixer en rave, tu peux me parler de cette expérience ?

Oui mais il faut comprendre le mouvement à la base, il y a eu un mouvement hip-hop très prononcé underground lors des premiers album d’NTM ou d’IAM. Du coup il y a eu un gros engouement là dessus mais ce mouvement avait du mal à percer en club, il était assez mal vu à cette époque. A à peine 17 j’avais des demandes pour jouer dans ce genre de soirées, il faut imaginer l’effet que ça fait ! Quelques mois plus tard on a commencé à voir des raves underground genre warehouse comme ce qui c’était passé 10 ans plus tôt dans le nord de l’Angleterre !

Comment c’est faite la transition entre les sons durs des raves et le garage du Wagg ?

Pour moi j’ai l’impression qu’une vie est passée ! Tu ne peux pas résumer ça en quelques phrases, j’ai l’impression qu’il s’est passé 10 ans ! J’aime toujours la techno mais maintenant j’ai sélectionné ce que j’aime et ce que je joue. Je ne joue plus de techno car je ne pense pas que c’est mon créneau. J’ai joué il y a quelques mois à tahiti et le publique ne connaît pas encore très bien les musiques électroniques, j’ai pu jouer des vieux classiques d’une époque qui était à cheval entre la house & la techno comme certains disques de Kevin Saunderson… Aujourd’hui j’ai fait un pari sur mes productions, j’essaye de sortir entre 2 & 4 maxis par an et d’avoir un rythme de croisière. Je suis vraiment passionné par le studio, ça fait vraiment parti de moi, travailler avec une superbe équipe de musiciens, partager la musique avec eux et le fait de travailler avec une belle équipe te permet de travailler sur un champ plus large et d’ouvrir ta musique. Il y a des gens, plus introvertis peut être, qui se mettent devant leur ordinateur et qui te font un morceau uniquement avec leur clavier & leur synthé. Je respecte tous les styles mais j’adore travailler avec un musicien qui a 20 ans de musique derrière lui et en 3h, j’apprends énormément ! C’est plus humain aussi comme méthode de travail.

Tu as une résidence mensuelle au Wagg pour les soirées Soulfull Sessions, qu’est ce que tu aimes dans ce club ?

Je m’y suis toujours senti comme chez moi, tous les gens qui travaillent au Wagg, comme Valery il y a plusieurs mois, m’ont toujours soutenu, ils m’ont donnés toutes les conditions pour bien travailler ; maintenant ils me font confiance. Ça va faire 3 ans que j’y suis mais aujourd’hui je n’arrive pas à trouver d’autres résidences sur Paris, il existe des meilleurs sound system sur Paris mais je ne sais pas si sur la longueur, j’arriverais à faire ailleurs ce que je fais au Wagg depuis 3 ans ! Ce qui me manque aujourd’hui sont les gros clubs comme l’Enfer, j’arrive à en trouver à l’étranger mais ça me manque en France. J’aime beaucoup jouer au Wagg, c’est intime, j’arrive à communiquer avec le publique mais je prends moins d’énergie que dans des gros établissements comme le Queen.

Quels Djs aimerais-tu inviter à partager les platines avec toi lors d’une soirée de tes soirées au Wagg ?

Déjà Frankie Feliciano ! Louie Vega sans hésiter. J’essaye déjà d’inviter tous mes potes qui jouent sur Paris avec qui j’ai des affinités.Cette année j’ai joué avec Rork que j’apprécie beaucoup et Roussia avec qui j’avais une résidence au MCM Café. C’est d’ailleurs graçe à elle que je me suis vraiment lancé dans la house, j’ai découvert pleins de sons graçe à elle. J’aimerais bien pouvoir inviter Gregory mais c’est difficile aujourd’hui en raison de son cachet, pareil pour Martin Solveig, le Wagg reste un petit club avec des moyens plus limités.

Tu as eu des résidences à l’Etoile, à l’Enfer & au MCM Café, quels étaient les avantages et les inconvénients de ces clubs ?

J’ai été résident à l’Etoile lorsque j’ai débarqué à Paris et par rapport au son, l’Etoile n’était pas un club qui me branchait. Je suis arrivé à l’Etoile en tant que résident mais les responsables trouvaient que le son que je jouais était trop dur pour la clientèle. Finalement j’ai stoppé ma résidence pour n’y jouer que une ou deux fois par semaine. J’arrivais à jouer ce que je voulais, à être un peu plus pointu en n’y étant pas résident et en n’y faisant que des soirées événements donc j’y trouvais mon bonheur.

Ça ne doit pas être facile de commencer par l’Etoile …

Ah non ce n’est pas facile mais ça me permettait de toucher à des platines tous les jours et d’avoir un fixe ! C’était un peu de l’alimentaire mais j’aime mixer et ce qui me plaisait vraiment à cette époque c’est qu’en parallèle de l’Etoile, je mixais aussi à l’Enfer un vendredi sur deux. J’y ai mixé pendant 3 ans et on a pu inviter des artistes vraiment exceptionnels. Mais nous avons aussi à faire de belles soirées à l’Etoile comme celle pour le label Distance avec Jack De Marseille aux platines.

Jack de marseille à l’étoile ? Ça devait être original !

Oh oui ça l’était mais Jack est très éclectique dans ses sets. J’ai également beaucoup joué avec Rork à l’Etoile, on mettait les platines sur le piano et pendant 2h il faisait un show avec Lady Bird, c’était super sympa comme idée. Mais je n’ai pas beaucoup évolué dans ce genre d’endroits, j’étais très contenu d’avoir une résidence mais j’avais l’impression que les gens ne recevaient pas le message que je voulais faire passer. Depuis le jour où j’ai commencé à produire et à orienter mon son, je cherche un retour de la part des auditeurs.

Tu joues principalement de la Deep House et du Garage et j’ai l’impression que de plus en plus de Parisiens ont envie d’une musique un peu plus mélodieuse que la House. Penses-tu que les soirées Garage vont attirer un publique plus large?

Il y a un publique qui s’exprime de plus en plus aujourd’hui oui. Pleins de jeunes amateurs de House ne connaissent pas le garage mais graçe à Cheers & à Pure, de plus en plus de gens viennent écouter cette musique et l’apprécie. Il existe aussi des gens à cheval sur deux cultures comme Big Jourvil (Gibus) et qui essayent de faire venir des DJs intéressants et qui donnent beaucoup pour cette musique.

Y a t’il un club sur Paris où tu aimerais jouer ?

J’ai toujours gardé le Rex comme club de prédilection car c’est là que j’ai vu les DJS s’exprimer avec le plus de cœur. Maintenant j’y ai joué il y a 3 mois et je n’étais pas contenu de la soirée. J’avais déjà joué plusieurs fois au Rex il y a quelques années pour les soirées THE SOUND avec Llorca & Oscar mais je n’étais pas à l’aise cette fois-ci, c’est un mythe qui est un peu tombé.

Il y a des pays ou tu aimes jouer ?

J’aime beaucoup jouer à Miami lors de la WMC, je vais jouer prochainement en Australie et tout le monde me dit que ça vaut vraiment le coup. Sinon j’ai beaucoup aimé jouer en Allemagne et en Belgique, c’est un très beau publique.

Toi ainsi que le producteur Claude Monnet êtes chez SSOH, avez-vous prévu de travailler un jour ensemble ?

On avait essayé de sortir plusieurs maxis sous un autre nom mais aujourd’hui, Claude, Martin & moi sommes très occupés chacun de notre côté et c’est très difficile de coïncider 3 emploi du temps. On avait parlé de quelques projets mais ce n’est plus trop d’actualité. Aujourd’hui j’ai un album prêt à 90% qui s’appel « Soulful Junkie » et vu le marché aujourd’hui, la stratégie est de sortir 3 ou 4 maxis avant de sortir de l’album. Il y a des gens qui aiment ce que je fais et je vais leur donner le meilleur de moi même, je ne vais pas bâcler mon travail. Dès qu’il y aura un buzz autour d’un morceau, on sortira immédiatement l’album. Il y a eu du buzz autour de mes anciens maxis, déjà du fait qu’un soit sorti chez Defected mais il y à eu plusieurs problèmes de distribution en France qui ont fait qu’ils ne sont même pas sortis en France…

Au niveau de tes productions perso’, tu en es ou ? Des maxis pour l’automne sont prévus ?

J’ai quelques projets de remix mais tout n’est pas finalisé et je ne peux pas trop en parler tant que ce n’est pas finalisé. Mais je me concentre beaucoup actuellement sur mes prod’ et sur mes bookings à l’étranger. Je vais présenter un single au Queen (« Irrisistible ») qui à un énorme potentielle tant il est riche musicalement.

Quels sont tes projets pour les mois à venir ?

Je suis entrain de préparer la mise en ligne de mon site internet où on pourra trouver mon programme, des photos, des mixes bien entendu et il sera une vitrine pour mon travail.

Pour finir, aurais-tu une anecdote drôle à nous raconter sur une de tes soirées ?

Il faut savoir que j’ai fait quelques tournées pour des magazines genre Max et un soir je mixais dans un club sur la côte Atlantique lors des Championnats du monde de surf. Un dj que je ne connaissait pas, le DJ résident du club certainement, était un peu chaud et pendant que je mixais et pour faire rire le publique, il à gonflé une capote qu’il a mise sur sa tête mais il était tellement dans le truc qu’il s’est évanoui et il a fallu que je le réanime pendant que je mixais…C’était n’importe quoi !

Interview réalisée par Arno P. au club/restaurant La Fabrique. Merci à DJ Yass pour cette interview.