Audiofly
Assez méconnus en France, le duo Audiofly écume pourtant les plus grands clubs de la planète. La sortie de leur compilation était une bonne occasion de mettre la lumière sur eux et leur travail.
Lemonsound : Bonjour Lucas et Anthony. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur vous deux, vous présenter ?
Audiofly : « Lucas et moi sommes davantage connus sous le nom d’Audiofly. Nous avons démarré ce projet il y a plus de quatre ans et depuis, nous n’avons de cesse d’avancer. Moi, (Lucas) je viens de Sicile et vis à Londres depuis plus de 8 ans, j’ai rencontré Anthony par un ami commun. Il m’a alors proposé de jouer à l’occasion du lancement de sa “surround sound party”. Puis, finalement je lui ai proposé mes services et il m’a offert la possibilité de travailler sur un projet de remix. Nous avons tellement apprécié de travailler ensemble que nous continuons depuis ce temps-là. »
Je constate que l’un d’entre vous est né en Angleterre et l’autre en Italie. Pensez-vous que vos origines ont une influence sur la manière dont vous percevez et expérimentez la musique ?
« (Anthony) : Je reconnais que j’ai certainement été très influencé par la culture Rave qui a connu son essor lorsque j’étais tout jeune. L’Angleterre a été l’un des premiers pays à répandre cette culture. Donc, d’un point de vue musique « dance », ça a réellement eu un impact sur ma perception et mon expérience. Je suis également issu d’une famille multiculturelle (ma mère était des Philippines) et c’est pourquoi j’ai toujours été au contact de diverses formes de musique, en passant du contemporain au traditionnel. Ça va de pair avec le melting pot et permet de créer une “bible” musicale personnelle je suppose. »
Comment en êtes-vous arrivés à SAW Recordings, le label Satoshi Tomiie ?
« Nous avons rencontré Hector, il y a 2 étés de cela au Space Ibiza alors que nous étions en train de préparer notre résidence pour la nuit VIVA de Steve Lawler. Nous avons bu plusieurs tequilas et sommes restés en contact par la suite. Nous avions pour habitude de lui montrer nos productions à la fois pour Satoshi et pour lui. Dans une certaine mesure, nous sommes aussi devenus l’équipe Cyber dédiée à Satoshi. Et dans la foulée, on nous a demandé si nous étions intéressés pour produire un EP pour SAW. Nous avons bien entendu accepté cette proposition. Et depuis, nous travaillons étroitement avec eux. Nous adorons être impliqués en tant qu’artistes dans leur vision musicale. »
C’est le 2ème volume de la série Undulation. Pouvez-vous nous dire combien de temps il vous a fallu pour le produire? Qu’est-ce que cela signifie pour vous d’être impliqués dans ces séries ?
« Nous sommes très heureux et quelque part humbles qu’on nous ait choisi pour faire le deuxième volume d’Undulation. C’était notre premier essai en LP et c’est évident que nous voulions que ce soit quelque chose de mémorable (et pas seulement pour nous, haha). Donc, nous avons ainsi pris notre temps pour le produire. En fait, nous sommes allés passer quelques jours dans une Villa à Ibiza. Et nous passions nos journées à nager, expérimenter nos combinaisons de morceaux et à prendre le soleil. C’est en réalité une très bonne formule de travail à partir du moment où on équilibre correctement tout cela. Ensuite, nous sommes rentrés à Londres et avons regardé de plus près ce que nous avions créé à Ibiza. Nous en avons éliminé certains et gards d’autres pour en faire une compilation définitive. »
Sur cette compilation, il y a des grands noms, des labels et des producteurs. Comment s’est passée la collaboration avec tout ce beau monde ?
« Eh bien, nous avons été suffisamment chanceux pour être en contact avec la plupart des artistes et labels. Et ceux que nous ne connaissions pas, nous avons fait l’effort de rentrer en contact avec eux. Nous avons lancé un appel général auprès de nos amis dans le secteur, en les informant à cette époque que nous étions intéressés par de la matière nouvelle pour produire un album, et nombreux sont ceux qui sont revenus vers nous avec de la nouvelle musique. Alors que nous expérimentions la compilation, nous faisions aussi DJ et donc souvent nous nous mettions à jouer les nouveaux morceaux dans un club (en observant la réaction des gens qui dansaient sur les pistes) et nous les reprenions en essayant de les insérer au mix. »
Chaque morceau offre une palette de sons différents. Quel est votre secret pour maintenir une telle cohérence entre chaque morceau ?
« En fait, sur un plan technique, nous utilisions Ableton Live pour mixer la compilation. Cela nous a été très utile dans la mesure où cela permet à l’artiste de se concentrer sur le pur aspect musical du mix. Je dois dire toutefois, à ce stade, que Ableton s’arrête lorsque nous quittons le studio. En produisant cette compilation, nous avons réalisé combien il est difficile de concentrer un set de DJ dans un format de 70 minutes, en particulier lorsque presque tous les morceaux que nous aimons durent entre 7 et 13 minutes. Par ailleurs, en mixant, nous voulions choisir des morceaux qui se mixeraient sur une longue durée de manière à ce que cela forme un nouvel air. D’une certaine manière, je suppose que c’est cela qui permet un bon enchaînement tout au long de la compilation. Chaque morceau apporte une expérience musicale nouvelle mais aussi donne un sens entre un premier morceau et le suivant. »
Cette compilation révèle votre style véritablement unique – comment vous définiriez-vous ?
« Pour être honnêtes, il n’y a pas de définition qui nous convienne réellement. Nous rassemblons beaucoup de styles de musique et nous travaillons toujours très ardemment à essayer de les arranger ensemble. Ce qui est très important pour nous lorsque nous jouons, c’est d’avoir un groove continu qui ne vous lâche pas. Tant que vous avez un rythme groovy, les gens vous suivront dans n’importe quelle direction où nous souhaitons les entraîner pendant le set. En termes de production, nous avons à peu près la même attitude. Nous aimons explorer différents styles et nous avons cette chance de pouvoir le faire grâce aux différents noms et projets que nous avons en cours. Rekleiener, Sleeper Thief ou Loose Lips, chacun laisse un parfum différent à nos productions. Chaque personne dans le studio apporte différentes influences et goûts. Et c’est cela qui nous permet d’avancer aussi : nous réussissons en expérimentant. »
Avez-vous prévu une suite à cet album ?
« L’idée c’est de prendre un peu de repos au cours de l’année prochaine et d’aller au Mexique dans une cabine magnifique au bord de la plage. Avoir un studio équipé pour intégrer les différentes influences et cultures. Il est important pour nous que, lorsque nous prenons la décision de nous investir sur un disque, que nous apprenions de nos dernières influences et que de-là surgissent de nouvelles idées. Ainsi, lorsque nous mettons finalement le nez dedans, l’album peut progresser avec ce que nous faisons au fur et à mesure en y ajoutant quelques collaborations. »
Quels sont les autres projets que vous avez en cours avec Audiofly ?
« Beaucoup de choses : nous avons deux EP qui doivent sortir sous le nom audiofly X. L’un dans le genre “Get physical” et l’autreplus ambiant. Nous avons aussi quelques remix pour les amateurs de Yoshimoto et Claude Von Stroke et une collaboration avec satoshi tomie appelée Opus ink. Sans compter des remix et des productions issues de Sleeper Thief, Rekleiner et Loose Lips. On peut dire qu’on s’est bien bougé le c… ces derniers temmps haha! »
Merci à Ovidpek et Audiofly ainsi que Sandrine pour la traduction