Retour sur le concert de Ratatat au Nouveau Casino

Retour sur le concert de Ratatat au Nouveau Casino

    Deux concerts complets. Une longue procession devant le Nouveaux Casino, malgré un  dimanche soir au temps exécrable. On a vu leur nom clairement revendiqué sur le Tshirt d’un des performers de Mouse on Mars une semaine plus tôt lors de leur passage à Paris. Autant dire que le duo new-yorkais fait des émules, et autant dire que les attentes sont grandes.

    Une fois le froid vaincu, le public se montre sage, sur un fond sonore dont le nom est à retenir, Errors. Une douce fébrilité se fait sentir au Nouveaux Cas. Château Marmont prend en charge la première partie. Un son et Vjing aérien, aux accents «Jean-Michel Jarresque», teinté de culture 80’s, pas étonnant au regard de leur premier maxi signé récemment chez Institubes. L’énergie est savamment maîtrisée mais on attend une plus grosse montée en puissance. Applaudissement polis, le public manque d’enthousiasme. La timidité de Château Marmont (en partie excusable suite à des problèmes techniques) leur est préjudiciable, ils sont victimes de leur statut de première partie. Prometteur donc, mais pas de connivence avec une salle impatiente, qui peine à se réveiller. Probablement un dur week end en amont? Impatience exacerbée par les dernières balances qui s’éternisent et se terminent enfin.

    Un Vjing symbolique, deux visages suggérés s’agrandissent sur l’écran. Ratatat démarre au son céleste et quasi religieux de Shiller. Belle entrée en matière, le public semble scotché. Mike Stroud et Evan Mast se tournent le dos, mais leur duo fonctionne parfaitement. En effet, on ne peut que saluer la complémentarité des deux musiciens. Complémentarité dans leur prestance scénique. Stroud est littéralement survolté, alors qu’Evan tempère cette énergie par un calme olympien. Complémentarité musicale aussi. Polyvalents, ils maîtrisent tout : guitare, basse, percu, synthé,  machines, et même une belle performance au mélodica! Stroud et Mast sont à la fois indispensables l’un à l’autre, tout en restant des électrons autonomes, quitte à échanger basse et guitare pour Mi Viejo. Parlons en d’ailleurs. Mi viejo se clôt dans une déferlante de percussion, Ratatat enchaîne avec Mirando, bouillant et vivement salué par un Nouveaux Casino vibrant. La griffe de Mike Stroud et d’Evan Mast justifie le titre de Wild Cat, morceaux rugissant. Une petite préférence cependant pour Loud Pipes, qui pour autant ne fait pas d’ombre aux autres morceaux, issus de leur dernier album sorti cette année, LP3 et de Classics (2006). Le public tarde à se réveiller, mais en veut encore. Un rappel mérité,le concert se termine sur Gettisburg. On réaffronte le froid, mais cette fois-ci, du son plein la tête.

    Ratatat marque cette scène musicale hybride, au carrefour du rock, de l’électro et du hip hop par une patte musicale caractéristique et ambiguë. Leur jeu,fondé sur une profonde ambivalence, oscille entre des mélodies claires, aériennes, et des son plus terrestres qui se manifestent par des basses pesantes, des sons saturés…des sons un peu crades mais comme on les aime tant. On ne regrette que la lenteur du public, parfois un peu passif, mais l’on mettra cela sur le compte d’une attention cérémoniale. On aurait peut-être aimé une plus grosse prise de risque et d’initiative musicale de la part de deux musiciens surdoués . Mais on est loin d’être déçu. Bref, un live efficace, une performance réussie.

Elsa Chanforan