Mr OIZO
Pour beaucoup, Mr Oizo évoque l’histoire légère d’une peluche sympathique hochant la tête pour une célèbre marque. 10 ans après, Quentin Dupieux a encore du mal à se débarasser de sa gentille peluche. Et pourtant, on ne peut difficilement être plus créatif et inspiré que lui…
Que ce soit avec les images ou les sons, Oizo vole de ses propres ailes, défendant un code bien à lui, sans éthique ni copier-coller. Il est même probablement l’une des têtes pensantes les plus influentes de toute la nouvelle génération de producteurs électro, ce qui explique d’ailleurs en partie ses affinités avec la famille Ed Banger.
A l’époque, Mr Oizo avait été signé par Laurent Garnier, qui avait décidé de sortir ‘Analog Worms’, un premier album que lui-même n’arrivait pas à comprendre… Après un second album plus discret, ‘Moustache’, on retrouve avec joie ‘Lambs Anger’, annoncé par des teasers remarquables où l’on devine que Flat Eric, la fameuse peluche, risque bien de se faire égorger.
Enregistré dans le studio Ravioli, le monde de Mr Oizo est brut, décapant (à l’image de cet hommage poétique aux larsens sur ‘Lars Von Sen’) et ludique. Lire les 17 titres de cet album est déjà un exercice hilarant. ‘Pourriture’, ‘Cut Dick’, ‘Bruce Willis Is Dead’, ‘Positif’, ‘Stereoids’, ‘Gay Dentists’… Et comme la voix le dit si bien sur ‘Positif’, il s’agit de musique d’ordinateur, de grand fourre-tout.
Quentin Dupieux n’a rien perdu de sa force d’expérimentation et propose des délires intemporels, anachroniques (‘Cut Dick’ et sa disco-funk portée par un son de saxophone ultra-kitsch) tout comme des claques électro body-buildées (‘Pourriture 7’) faites de sons volontairement non sophistiqués. Tout au long de ce nouvel album, le cerveau d’Oizo hésite entre réminiscences (‘Two Takes It’ avec le vocal de Carmen Castro, ‘JO’), samples d’époque, simples allusions (hip-hop à la Nerd sur ‘Steroids’ avec Uffie au chant) et autres expérimentations (à l’image du titre homonyme ‘Lambs Anger’). Quentin Dupieux reste sans conteste un oiseau rare, unique en son genre.
MR OIZO ‘Lambs Anger’ (Ed Banger/Because)
