IBIZA 2008, L’ANNÉE DU CHANGEMENT
Tout le monde le sentait venir, l’échéance était repoussé d’année en année, mais cette fois est bien la bonne, Ibiza ne sera plus un dancefloor permanent. Tout du moins en 2008.
Si les pressions sont énormes pour que les mesures votés par les institutions espagnoles n’entrent pas dans une logique de long terme, on doute fortement que les autorités reviendront en arrière. Du coup, 2008 risque bien d’être l’année du changement, celle qui va profondément modifier la manière de faire la fête pour les nombreux clubbers qui s’y retrouvent.Ibiza étant une île touristique plutôt charmante, les autorités ont souhaité prendre au sérieux les problèmes de réputation que subit Ibiza depuis des années.
En premier lieu, la drogue, qui tue chaque année plusieurs dizaines de jeunes étrangers.
En second lieu, le « bordel » que peuvent générer les fêtes en plein air, à tout va, partout, tout le temps. Le tourisme familial présentant de très bons chiffres sur les dix dernières années, les institutions ont certainement souhaité une bonne fois pour toute normaliser la vie nocturne sur l’île.
Du coup, la police a encore renforcé sa présence autour des clubs et les contrôles se multiplient. Les premières victimes sont El Ayoun, Kuhmaras et surtout le DC10. En ligne de mire, le club a subitement été fermé mi-juin pour une durée de 57 jours. Le Blue Marlin, Grial, Underground, Bambuddha, Blu, et Bora Bora sont eux aussi menacés car interdits de musique pendant la journée.
Ces endroits underground, de faible et moyenne capacité, sont littéralement harcelés et présentés comme les mauvais élèves de l’île, alors que les grosses machines à fric sont nettement moins embêtées. En tout cas, elles sont moins embêtées par la police. Car une autre mesure importante les concerne, au niveau des horaires d’ouverture.
En effet, les clubs ont le droit d’ouvrir 12 heures non-stop maximum. La musique est interdite de 6 heures du matin à 16h30. Du coup, un club comme le Space ne peut plus faire ses fameuses soirées en continu, même si Juan Arenas, son directeur, calme le jeu : « Pour We Love, on ouvre nos portes à 16h30. C’est toujours la journée, les gens continueront de danser au soleil cette année. C’est sûr que venir au Space dès 8h du matin était un circuit habituel pour les clubbers ici. Maintenant, ils devront attendre patiemment la fin d’après-midi en allant à la plage, ou en se reposant… » Tous ces chamboulements sont importants au niveau des établissements, mais, surtout , au niveau des clubbers, habitués à beaucoup plus de libertés, comme celle par exemple de se rendre en fin de matinée au DC10 le lundi pour les fameuses Circo Loco…
LA DÉSILLUSION CIRCO LOCO
Circo Loco devait fêter en fanfare ses 10 ans le 28 juillet… Mais 2008 restera à jamais une année noire pour les promotoeurs italiens, privés de soirées par le gouvernement espagnol. Après un début de saison explosif, les autorités espagnoles ont en effet décidé de remettre en vigueur le mandat de fermeture de 60 jours qui avait été suspendu au bout de trois jours l’année dernière. Ainsi, le DC10 s’est retrouvé quelques semaines après son ouverture avec une fermeture administrative de 57 jours, le privant du meilleur de la saison et devant annuler les venues de tous les DJ’s invités (sans parler de la centaine de saisonniers qui devaient être embauchés).
Andrea Pelino, à la tête de Circo Loco, a forcément pris la nouvelle avec dépit : »J’ai la sensation que le DC10 est la bête noire de l’île, que les autorités nous haïssent vraiment. Tout le monde a une sale image de nos soirées, avec de fausses idées reçues sur la drogue. C’est decevant car on n’attire vraiment pas que des junkies, mais des clubbers du monde entier, qui débarquent par charters, même pour venir fêter ici le jour de l’An… » Le DC10 est même resté ouvert tout l’hiver dernier et malgré les nombreuses relances de la direction auprès des institutions pour savoir ce qu’il en était, ces dernières ont décidé d’attendre le temps fort de la saison pour décider de la fermeture pure et simple… Circo Loco est un des symboles forts d’Ibiza et c’est une référence en terme de musique. Tous les clubbers espéraient ainsi que l’équipe de Circo Loco trouve une solution, mais il n’y en a pas. « Circo Loco est né au DC10 et nous n’irons nulle part ailleurs, jamais. » annonce Andrea. Du coup, une pétition circule actuellement sur Internet pour faire réagir les autorités et accélérer la ré-ouverture. Cette nouvelle a en tout cas renforcé l’idée que 2008 serait définitivement une saison différente. Le début du mois de Juin a d’ailleurs enregistré une baisse de fréquentation de 20000 personnes environ, ne rassurant pas les professionnels de l’île, inquiets par l’interdiction des afters et de la musique en journée. Le ciel est donc nuageux sur Ibiza car les clubs qui font partie intégrante de sa réussite, sont désormais menacés par une répression sanglante et un tourisme d’un autre genre. 20 ans après le début de son expansion internationale, Ibiza est à un tournant majeur…