Envie de pipi dans la piscine ? Voici ce qui se passe vraiment (et pourquoi c’est une mauvaise idée)

Scène d’été. Les enfants rient, l’eau clapote, et une question fuse : que se passe-t-il si quelqu’un fait pipi dans la piscine ? La réponse mélange chimie, santé et bon sens, loin des idées reçues.

Pipi dans la piscine : ce qui se passe vraiment

L’urine est surtout de l’eau, avec de l’urée, des sels et des acides. Au contact du chlore, ces composés réagissent. Ils forment des sous-produits appelés chloramines. Ce sont ces chloramines qui irritent les yeux et les voies respiratoires.

Le fameux “colorant bleu” qui trahirait un nageur fautif n’existe pas. Les piscines n’y ont pas recours. Le vrai signal, c’est l’odeur piquante. Elle ne vient pas d’un excès de chlore, mais d’un chlore qui a déjà réagi avec l’urine et la sueur.

“Quand ça sent fort, l’eau a trop de chloramines. Le chlore actif est entamé, et l’air du bassin devient irritant.”

Des irritations aux crises d’asthme : qui risque quoi

Les chloramines, surtout la trichloramine, gênent la respiration. Elles font pleurer les yeux et dessèchent la peau. En intérieur, l’effet augmente si l’air circule mal. Les nageurs ressentent alors toux, gêne au souffle et picotements.

Les enfants, les asthmatiques et les femmes enceintes réagissent plus. Les maîtres-nageurs et les nageurs assidus y sont exposés plus longtemps. Un bon renouvellement d’air limite le pic d’irritants. Un bassin bien ventilé protège mieux qu’un bassin saturé.

Pourquoi ce geste perturbe la désinfection

Chaque “pipi dans la piscine” consomme du chlore. Le niveau de chlore libre baisse, donc la désinfection perd en efficacité. La qualité de l’eau se dégrade plus vite aux heures d’affluence. Plus d’urine = plus de chloramines et moins de chlore disponible.

• Douche savonnée avant le bain pour réduire sueur et cosmétiques
• Pause toilettes régulière, surtout pour les enfants
• Rinçage rapide après chaque passage aux sanitaires

On entend souvent que l’urine est “stérile”. Ce n’est pas toujours vrai. Des germes peuvent s’y trouver, selon l’état de santé. Le risque infectieux reste faible, mais la chimie des chloramines pose un vrai problème.

“La forte odeur de ‘chlore’ signale surtout des chloramines. Un bon bassin vise un pH stable et du chlore libre suffisant, sans odeur agressive.”

Comment repérer un bassin mal équilibré ? Odeur tenace, yeux rouges en quelques minutes, toux sèche au bord. Mieux vaut sortir, rincer les yeux et signaler le souci. Un établissement qui exige la douche et le bonnet limite déjà une grande part du problème.

Le mythe tenace du colorant bleu

Beaucoup y croient encore. Pourtant, aucun produit “magique” ne colore l’eau au moindre pipi. Ce serait imprévisible, irritant et juridiquement risqué. Les piscines s’appuient sur la prévention et l’entretien, pas sur des gadgets.

Parler vrai marche mieux avec les enfants. On explique la gêne pour les autres, l’odeur, les yeux qui piquent. On propose des pauses toilettes régulières. La règle devient un réflexe, comme se rincer avant d’entrer dans l’eau.

Les bons gestes pour une baignade sereine

Avant de nager, prenez une douche savonnée. Retirez maquillage et crème en excès, puis appliquez une protection solaire adaptée après la douche. Passez aux toilettes, vous et les enfants. Moins d’azote dans l’eau, c’est moins de chloramines.

Pendant la séance, faites une pause toutes les 60 à 90 minutes. Hydratez-vous et accompagnez les plus petits aux sanitaires. Surveillez les signaux précoces : yeux qui piquent, toux légère, odeur qui prend la gorge. Dans le doute, sortez, rincez, et revenez plus tard.

Vous avez une piscine à la maison ? Mesurez le pH et le chlore libre souvent, surtout après une forte affluence. Ciblez un pH autour de 7,2 à 7,6 et du chlore libre dans la fourchette recommandée. Filtrez en continu pendant l’usage, et faites un traitement choc après les grands bains. Un bon équilibre eau-air protège la peau, les poumons et le plaisir de nager.

Noah Roig