David Guetta conspué !
C’est souvent le revers de la médaille d’une trop grande popularité mais c’est assez rare et relativement nouveau en matière de musiques électroniques. A l’annonce de la venue de David Guetta au festival Monegros le 23 juillet prochain, de nombreuses réactions négatives n’ont pas tardé. On peut même assimiler ça à un véritable mouvement de haine envers le DJ français, qui représente aux yeux d’une grande majorité des clubbers habitués du festival le vice du star-system et la musique club de mauvaise qualité. De nombreuses pages Facebook ont été mises en ligne, dont une intitulée « No A David Guetta en Monegros », qui rassemble déjà plus de 7000 personnes. Des moqueries et des trucages grossiers (mais hilarants) servent à amplifier le mouvement et les commentaires se multiplient. Plus inquiétant, de nombreux clubbers ont déjà témoigné leur intention de « pourrir » le set du Français et donnent une tournure plus méchante à ce mouvement contestataire, qui vise directement les organisateurs du festival, jusque là fortement axé sur l’underground.
D’ailleurs, le reste du line-up 2011 annonce des DJ’s underground comme Carl Cox, Dave Clarke, John Digweed, Josh Wink, Richie Hawtin, Luciano, Marco Carola, Paul Kalkbrenner, Paul Ritch, Tiga, Vitalic ou encore Boys Noize, Steve Aoki, Crookers et Brodinski pour l’électro. Le rappeur Busta Rhymes est également à l’affiche mais semble quant à lui bien accueilli par les fans de ce festival atypique, qui a lieu chaque année en plein coeur de l’Espagne, au milieu de nulle part.
Face à une telle pression, à 3 mois de l’événement, on ne sait pas encore si le Français sera finalement déprogrammé. Aucune réaction de sa part pour le moment, ni annonce des organisateurs. Si Facebook a servi d’outil indispensable aux révolutions Arabes, nul sait encore s’il permettra aux mordus d’underground de détrôner le roi de la Dance Music le temps d’une soirée. Ce fait divers témoigne en tout cas d’un vrai ras le bol de la part de nombreux amateurs de musiques électroniques et d’un fossé de plus en plus énorme entre les DJ’s comme David Guetta (plus que jamais assimilé au show business) qui séduisent le grand public, et toutes les autres variantes de musiques électroniques, de plus en plus marginalisées par les médias et ignorées par les non connaisseurs. Le côté bling-bling et commercial de la musique du Français ne correspond pas aux attentes des festivaliers, qui répondent en majorité à un profil de clubbers pur jus, non soumis aux formats des médias de masse. Beaucoup effectuent d’ailleurs une véritable migration (en provenance de toute l’Europe) pour assister à ce festival mythique, au décor hors norme…
Leur opinion devrait donc être prise en compte par l’équipe du festival, qui a probablement commis une erreur de programmation en voulant s’offrir les services de David Guetta. Et pour couronner le tout, l’investissement financier aggraverait le déficit d’image provoqué par cette histoire… Quant au Français, il cherchera sans doute à minimiser cette polémique, étant bien placé pour savoir qu’on ne peut pas plaire à tout le monde. Ce n’est pas la première fois qu’il est critiqué et ce ne sera pas la dernière. Même si l’enjeu est en grande partie artistique, c’est tout un système que ce mouvement de contestation tend à fermement critiquer.
