Arnaud Rebotini – Music Components, la chronique

Arnaud Rebotini – Music Components, la chronique

Hola jeune technoïde qui passez ici par hasard. Arrêtez vous  un moment, prenez un siège, respirez, sortez de votre torpeur, ouvrez les yeux, remettez vous de la magnifique demoiselle qui vous a frotté toute la soirée, remettez vous de votre corps transi par la danse, sortez vos neurones de leur bain d’éthanol.

M’entendez-vous jeune clubber ? Êtes-vous concentré ?

Parfait.

Dans cette première critique, le ton sera résolument sarcastique, résolument subjectif, résolument imparfait. La première rencontre avec la pochette de l’album est des plus déroutantes : vous vous dites que ce mec a du passer des heures à cuisiner sa potion magique, et il nous file les ingrédients sur un plateau. Bien sûr, cela ne remplace ni le talent ni le travail, mais tout de même, c’est osé.

Ce garçon a de l’audace.

Une fois le CD sorti de sa pochette, inséré dans le lecteur, c’est tout un univers parallèle qui s’ouvre à l’auditeur. Des sons qu’on a déjà entendus quelque part, mais dont il est impossible de se souvenir, des mélodies chaleureuses, des sons planants, mais aussi de la violence, de la passion, du glauque.
Du style planant au beat bourrin écrasant, Rebotini  livre un album cohérent aux sonorités à la fois vintages et actuelles (pléonasme ?). Bodzin ? Gabriel Ananda ? Calvin Harris? Kavinsky ? Difficile à dire. Melting potes plutôt : La forme est pop, le fond underground.

10 morceaux, plutôt longs, ce type aime prendre son temps.

Car c’est bien un tapis rouge que Rebotini  déroule ici : chaque morceau a une empreinte spécifique, une  identité propre. Beats travaillés, évolution lente, c’est lancinant, hypnotique et parfois, terriblement groovy, ça frétille, sautille, ça monte vers les sommets, puis d’un coup, la chute vers l’infini, nouveau morceaux ? Non ma cocotte ce n’est que le début.

This is fucking underground techno pop.

Que ce soit bien clair, messieurs et c’est aussi valable pour le jeune homme qui vient de s’endormir au fond. Ici, on ne fait pas dans la dentelle. Vous aimez prendre votre temps, laisser les choses se dérouler, vous aimez laisser monter le groove, créer une attente insupportable, pour tout voir s’éteindre brusquement ? Vous aimez sentir le beat cogner dans l’infini, frétiller jusque dans votre colonne ?

Cet album est pour vous.

Vous n’êtes pas trop branché électro underground et aimez le style racoleur mais hyper efficace ?
Vous penserez que chaque morceau démarre bien sur une idée intéressante, mais qu’elle prend trop de temps pour se développer.
Ne vous détournez pas : écoutez l’album plusieurs fois, il vous révélera toute sa richesse. Comme le bon vin, Rebotini se déguste à petites gorgée et vous enivre en douceur.

Des coups de cœur ?

Un cheval d’orgueil
1314
The Swamp Waltz
Decade of Aggression

Maintenant jeune homme, il est tard, il est temps de rentrer à la maison, retrouver maman et ses cookies, ou le souffle chaud de votre compagne sous la couette.

Lionel LE ROUX