Les faiblesses de Breakbot…?

Les faiblesses de Breakbot…?

Dans la lignée de son album ‘By Your Side’, Breakbot vient de mettre en ligne une mixtape sur Soundcloud. Du disco-funk pur sang, lent, sensuel, rétro, avec quelques bonnes envolées groovy par-ci par-là. Les enchaînements ne sont pas vraiment soignés, comme si seule la sélection comptait, comme si on revenait en quelque sorte au temps où les DJs étaient encore de purs « selector », portés par cette adrénaline exquise de partager du bon son avec le dancefloor. Une époque où le son Motown régnait sur les ondes, une époque qui a vu naître le compositeur français, trentenaire et aujourd’hui considéré comme l’une des sensations musicales de l’année. Mais derrière ce bon goût musical se cache une hype de plus en plus tenace, qui tend à gommer un peu les faiblesses de son premier LP estampillé Ed Banger

Réminiscence funk, hommage appuyé à Michael Jackson, recherche de mélodies et de sensibilité, la recette Breakbot a déjà séduit bon nombre de personnes, évidemment alléchées par la propagation virale de ‘Fantasy‘, premier single tubesque dans tous les sens du terme. Pourtant, ceux qui attendaient ce premier album de pied ferme n’ont pas forcément été conquis par la dynamique de ce premier album, qui souffre à plusieurs reprises de certaines lenteurs embarrassantes. Quelque peu redondantes, les instrus et les rythmiques tournent en rond sans grand relief, tout comme les apports vocaux (tous masculins, et aigus à l’image d’Irfane et Ruckazoïd). Peu de bidouilles, peu d’audace, peu d’embellie technologique à signaler, soit le signe d’un processus relativement acoustique, à l’ancienne. Ce choix n’a rien de scandaleux en soi, mais on a le sentiment, au vu du potentiel mélodique de Breakbot, que son entourage n’a finalement pas su suffisamment l’encadrer pour enrichir et soigner les finitions de cet album, qui aurait pu, selon nous, être d’une qualité bien supérieure…

Certes, quelques belles tentatives de chorus, non sans un évident second degré et une résonance parfois naïve (‘Programme‘) suffisent à donner du sens à cet album de 14 titres, qui ne peut être défini comme un « pseudo-album » ou autre « album-concept’. Evidemment, ça n’a jamais été le sens de la démarche de Breakbot, qui a pris tout son temps pour peaufiner cet opus, avec, les derniers mois, des aller-retours entre son home-studio et le studio de Justice (qui, rappellons-le, ont eux aussi commencé par le graphisme avant la musique)…

Signé sur Ed Banger, fer de lance de la nouvelle scène électro française depuis plusieurs années, cet ancien graphiste, devenu musicien et DJ sur le tard, a évidemment un talent fou. Reproduire le son Motown en 2012 n’est pas donné à tout le monde, tout comme il n’est pas commun de faire preuve d’une sensibilité musicale à toute épreuve, digne des plus créatifs. Les lignes mélodiques et les refrains des titres phare de l’album (‘Fantasy‘, ‘One out of Two‘, ‘By Your Side‘) sont parfaitement maîtrisés, dotés d’une efficacité indiscutable, capables de faire chanter et danser en toutes circonstances. Ce qui est déjà en soit une performance remarquable !

Mais pour un artiste attendu comme le nouveau messie, adulé pour sa « fraîcheur » par de nombreux médias, on a tendance à chercher encore dans cet album la réelle excitation qui a précédé sa sortie… On ressent donc une sorte de léger goût amer, d’inachevé, ou encore un manque d’exigence.

Quant à cette mixtape d’Automne (ci-dessous), elle souligne bien sûr sa culture musicale très riche, même si là encore, on se demande si le leitmotiv n’est pas de surfer sur un hypothétique revival disco-funk-soul, ce qui paraîtra bien amusant aux yeux de tous les amateurs de cette black music qui n’a finalement jamais vraiment disparu… Et qui n’a pas rien de « hype » au niveau de ses fondamentaux.