Compte-rendu d’Avicii a Paris Bercy

Compte-rendu d’Avicii a Paris Bercy

Depuis la dernière date d’Avicii en France a eu lieu une attente interminable pour tous les fans français du talentueux producteur, à moins qu’ils n’aient déplacé des montagnes pour le voir à l’étranger. Il est inscrit « 20h00 » sur le billet mais dès 19h50, j’entends le premier son s’échapper des basses.

Albin Myers : Crète et veste en cuir sur fond electro
Le temps de m’installer à la rangée 22 de la porte O je rate deux tracks, mais reconnait « Boneless » de Steve Aoki, Chris Lake et Tujamo. Le volume du son n’est pas si élevé et la fosse le fait comprendre au deejay avec des « Plus, fort ! Plus, fort ! ». Mais c’est normal, c’est un warm-up.

Moment de liesse lorsque Albin balance le mashup de Gregori Klosman « Heads Will Bounce » et que la foule reconnait la fameuse bande son du film Projet X. Alors que le frenchie est aux côtés du suédois, ce dernier joue leur collaboration avec Tristan Garner finalisée quelque peu avant en studio. La réaction est appréciable. Vers la fin du set « Ruby » de Deniz Koyu, sorti sur le label Axtone d’un autre suédois, Axwell, donne du caractère au set. Je suis surpris qu’il ne joue ni « The Beast » ni « Hells Bells », mais je suis bien trop heureux de voir mon deejay préféré pour donner de l’importance à ce détail. Une entracte est annoncée et l’excitation ne cesse de monter.

Avicii : une réelle signature musicale
L’immense salle de 16 000 places est plongée dans le noir, je distingue sur l’écran géant les deux triangles qui composent le logo d’Avicii scintiller d’une couleur chaude. Un fond instrumental, quelques notes de guitare sèche, Avicii mis en évidence par une lumière blanche, « Hey Brother » parcours le chemin des basses jusqu’à nos oreilles. La voix posée est exclusive aux lives du deejay. Puis « Bam ! », survient le drop du remix de Syn Cole synchronisé avec une déflagration de confettis et de lumières. Le contraste est époustouflant. S’ensuit l’original du titre, chanté par Dan Tyminski, qui satisfait ceux moins fans des remixes. Son remarquable titre « Long Road To Hell » en featuring avec Audra Mae est lui aussi très bien reçu. « Sub Focus – Turn Back Time », au vocal à la sonorité folk et au drop « big room », brise résolument l’aspect progressif apporté dès lors, et ce admirablement.

Je me réjouis de chanter avec tout Bercy sur « You Make Me », avec dans un premier temps la version originale, et dans un second temps le remix de Throttle. Ceci constitue l’un de mes moments préférés de tout le concert, tant la mélodie du drop est jubilatoire. Après « Stay With You » feat. Mike Posner et l’instrumental mix de l’accrocheur « All You Need Is Love » lié à l’acapella de « Karat Souls – Tracks Of My Tears », arrive le son tribal et oriental de « Bang La Decks – Utopia » allié à « Animals » de Martin Garrix. Au même titre que « Turn Back Time », cela surprend agréablement. Autres mashups, celui d’Alesso tout d’abord, « Superlove vs. Sweet Nothing », qui provoque une intense joie, et « Nothing Inside vs. Reload », qui est autant apprécié que le précédent. Séquence émotion avec « Swedish House Mafia – Don’t You Worry Child (Extended Mix vs. Kryder & Tom Staar Remix) », qui rappelle à un bon nombre d’entre nous la venue du trio dans cette même salle en décembre 2012, à l’occasion de leur One Last Tour.

Nouvelle piste de son album « True », « Liar Liar », combiné à un ID qu’il a aussi joué à l’Electric Daisy Carnival de Londres l’année dernière, mais aussi lors de son True Tour la veille, à Anvers, notamment. Instant electro house à présent, avec l’intro de Dog Blood (Skrillex + Boys Noize) – Next Order vs. le frénétique drop de Zedd – Fall Into The Sky, accentué d’un acapella « Everybody Fucking Jump », le tout synchronisé avec des pyros qui nous embarquent tous une extravagante folie. Puis vient l’association de 6 tracks : l’intro de Primal Scream – Loaded, le breakdown de Ashley Wallbridge – Crush, l’acapella « Blast ! Beat ! Go ! » de Nari & Milani – Atom, le drop de Nari & Milani – Kendo, le breakdown de Bingo Players – Rattle, et le drop de Nicky Romero – Toulouse. Je n’ai que rarement entendu une fusion aussi riche et dynamique. Alors que la mélodie « Flute » par New World Sound et Thomas Newson hypnotise tout Bercy, les vertueux violons du remix de « Don Diablo & Matt Nash – Starlight » par Otto Knows suscitent l’émerveillement. Dans le même esprit, Armin Van Buuren feat. Trevor Guthrie – This What It Feels Like vs. Syn Cole – April et Silhouettes (Syn Cole Creamfields Remix) rendent ce moment parfait.

Révolue est l’époque où « C2C – Down The Road » était joué en boucle en radios, combiné à « Damian Willam – What Da Hell ». S’il y a bien un vocal qui n’est pas révolu, c’est celui de « The Temper Traps – Sweet Disposition », joint au captivant « Maarcos – Blaze (Dirty South Edit) ». Le track de Nom De Strip au nom contradictoire à l’événement « Techno Saturday » (non Avicii ne joue pas de techno et non nous ne sommes pas samedi) enrichit le set grâce à sa cadence très entraînante.

Je me réjouis qu’Avicii joue « Powerdrive » d’Eric Prydz, l’un des piliers de la house progressive et l’une de ses inspirations, qui plus est associé à « Chase & Statuts – Count On Me (Steve Angello Remix) ». « Addicted To You » feat. Audra Mae, dont le clip est sorti le jour du concert, est combiné au drop non moins mélodieux de « Blasterjaxx – Snake » puis d’un autre encore, mais cette fois-ci d’un ID. Son UMF (Ultra Music Festival Anthem), longtemps surnommé « Levels 2 » jusqu’à sa divulgation, nous rappelle les sonorités qui ont fait le succès de Tim. « Let Me Show You Love » (Tom Swoon Edit) a un effet majestueux tant par le vocal que par la touche apportée par le Polonais. L’alliance You’ve Got The Love (Mark Knight Remix) vs. Bong vs. Fade Into Darkness (Albin Myers Remix), même si ne regroupant pas les titres les plus actuels, est d’une redoutable efficacité. Avicii nous propose sa propre version d’Armstrong & Redroche – Make Your Move, avec son titre “My Feelings For You” et “Hells Bells” d’Albin Myers, raison pour laquelle ce dernier ne l’a pas joué.

Nous avons par deux fois chanté plus ou moins juste sur Florence And The Machine et, puisque il n’y a jamais deux sans trois, le bootleg d’Avicii « Sunshine Spectrum » ne déroge pas à la règle (ou plus justement au dicton). Son plus grand succès sous son autre nom Tim Berg, Seek Bromance feat. Amanda Wilson, nous replonge dans de bien beaux souvenirs. Au même titre que « Hey Brother », une version exclusive de « Dear Boy » est jouée, aussi efficace que la version de l’album. Autres moments marquants : I Could Be The One (Dubvision Remix) vs. Disclosure – White Noise (le duo britannique sera présent à l’Olympia le 20 mars prochain), pour terminer sur l’original de la collaboration avec Nicky Romero ; ainsi que la mélodie de deadmau5 – The Veldt sur laquelle est posée la voix de Snow Patrol – Chasing Cars, le tout accompagné du drop de Jupiter Ace – Another Life ; puis le mashup de Distfunkiton « Diamond City » harmonise brillamment le remix d’Eric Prydz de « Midnight City » et celui de Congorock de « Diamonds », avec un drop dont seul le deejay italien a le secret.

S’il y a un titre qui résonne toujours dans nos têtes malgré les années, de par son envoûtante musicalité et son sample venu tout droit des cieux, c’est bien sûr l’intergalactique, l’unique, voire surnaturel « Levels », repris inévitablement en chœur par tout Bercy. Son remix de Colplay – Atlas a lui aussi quelque chose de spécial, à tel point que certains brandissent un briquet allumé, à défaut d’un téléphone portable.

J’entends l’intro de « Blessed » durant la transition qui suit mais en pleine exécution la musique s’arrête et les lumières s’éteignent, pendant près de 30 secondes. Je pense à un problème technique, mais Avicii alias Tom Hangs me contredit en s’exprimant d’un modeste « Paris ! Thank you so much. You’re amazing. Thank you. ». Ceci afin d’amener de la plus belle des manières son grand tube “Wake Me Up”, en featuring avec Aloe Blacc où, en milieu de track, seul l’acapella est conservé, sur l’instrumental edit du remix de Krewella – Live For The Night par W&W, avec un probable remix du titre d’Avicii par le duo hollandais et Hardwell qui, synchronisé avec un « MAKE SOME NOISE » affiché sur l’écran géant, nous comble de surexcitation.

Les deux triangles de nouveau visibles et la salle illuminée, je réalise que ces deux heures passées auprès d’Avicii furent belles, intenses et heureuses, et qu’il me tarde, déjà, de les vivre une nouvelle fois. Et pas qu’une seule.

Ecrit par Enzo
Photos : @mirkoMDM