Dj Ralph

Dj Ralph

Soonnight : Tu es un pilier de la scène électronique française, pourrais-tu nous expliquer ton parcours ?

Ralph : J’ai commencé à mixer à l’âge de 15 ans (1986). J’ai travaillé tout de suite en club. Au début des années 1990, je suis parti pour mon service militaire en frontière hollandaise, du côté de Metz.
J’ai découvert les sons acides, House ainsi que les Rave Parties. Ca été un déclic pour moi. Lorsque je suis revenue sur Annecy, ma ville; je me suis lancé dans l’organisation de soirées Techno et des Rave Parties. On bookait des artistes tels que Laurent Garnier, Jeff Mills, Carl Cox … Puis, j’ai crée avec un ami, Miloch, l’agence Tekmics, qui fut la plus grosse agence de booking en France. Dans la suite logique, j’ai créer mon label Altitude Records où j’ai produit les premiers titres de Miss Kittin & The Hacker … En 1998, ça été l’explosion des Rave Parties comme la Dragon Ball ou les soirées Automatik au Rex Club-Paris. En 2002, j’ai rencontré Joachim Garraud, et David Guetta. Nous avons collaboré ensemble sur le label F*** Me I’m Famous. Ca m’a permis de relancer ma carrière dans un son plus clubbing au niveau international.

Soonnight : Sens-tu une évolution dans ton style musical ?

Ralph : Complètement, j’ai produit une vingtaine de disques et autant de remix. Mon premier disque est sorti en 1994. A cette époque, je faisais de la Trance Allemande comme Sven Väth, HartHouse, Jam & Spoon. C’était la grosse scène allemande de l’époque. A l’arrivée du son américain de Chicago, mon son s’est durcit et est devenu Techno. J’étais le premier Dj Français a signer sur le label Reload Records (Jeff Mills, Felix da Housecat). Ensuite, mon son s’est encore durcit, je me suis vu joué HardTechno voir Hardcore. J’ai signé sur des labels hollandais et j’ai joué pour de gros festivals Hardcore en Allemagne. Effectivement, mon son a suivi l’évolution de mon style. En 2000, j’ai commencé à travailler avec des artistes comme Joachim Garraud, je suis revenu à mes origines du club, avec un son plus accessible sans tomber dans un son commercial. Aujourd’hui, mes productions sont classées Electro/Techno. Je qualifie mon style d’Underground Clubbing.

Soonnight : Au niveau de tes sets, as-tu des titres que tu joues absolument ou c’est le feeling total ?

Ralph : Je ne prépare jamais un set. J’ai beaucoup de CD avec moi qui vont de la House à la Hardtechno. Il y a des titres clubbing que des choses underground. Mon set va dépendre du 1er disque que je vais passer. Je vais le sélectionner 5 minutes avant de mixer. J’aime bien arriver tôt en club, voir ce que joue les autres Dj et puis aussi par respect pour eux et aussi pour savoir ce que les gens attendent. D’un club à l’autre, ça change mais quand tu es professionnel tu dois avoir une capacité d’adaptation. C’est complètement au feeling et surtout à l’analyse du dancefloor.

Soonnight : Tu as fait beaucoup de dates à l’étranger, qu’est ce que t’ont apporté les publics étrangers lorsque tu viens en France ?

Ralph : Quand tu reviens en France après une tournée aux USA, en Asie, tu es déboussolé car il y a des codes à respecter si tu veux tenir un dancefloor. Quand tu vas jouer en Ukraine ou en Russie, tu dois te lâcher, comme sa se passait dans les soirées techno au milieu des années 1990, le but, c’est de ne pas passer un titre connu. Aujourd’hui si tu n’enchaînes pas tube sur tube, le dancefloor peut avoir du mal à tenir. Donc à toi de faire un mélange entre les grosses nouveautés, des productions personnelles, des remix ou botleg perso et puis de temps en temps apporter une cartouche accessible. Quand il m’arrive de jouer un « tube », j’essaye de faire en sorte de passer un remix et non une version originale. Dès qu’un titre marche bien, je vais automatiquement le retravailler, le ré-éditer pour un son plus proche du mien.

Soonnight : Quel pays t’a le plus marqué ?

Ralph : J’ai pris plusieurs claques en nouvelles calédonies à mixer dans un laggon devant 5000 personnes. Ibiza reste pour moi une référence car j’ai la chance de mixer à des opening et closing au Space et au Privilège. Tu dois te surpasser car il y a tellement de grands dj que tu ne peux pas être moyen. Tu dois innover car le public est tellement fin que sa vaut le coup, tu n’as aucune concession à faire pour retourner le dancefloor. J’aime beaucoup jouer en Russie, en Ukraine où j’ai des résidences. J’ai de grosses surprises en Tunisie car le niveau de culture musicale. Il ne faut pas leurs passer un « tube », car ils écoutent, les bras en l’air à hurler, un vrai bonheur. Mais au final, je n’ai pas forcément de préférence de dancefloor car il y a des pays ou je joues plus techno et ou je vais m’éclater musicalement.

Soonnight : Je vois que tu es fervent d’Ibiza, pourra t’on t’y retrouver cet été ?

Ralph : Oui, je serais présent. Je jouerai à l’Opening du Space début Juin.

Soonnight : Travailles-tu toujours sur Cubase ?

Ralph : J’ai travaillé 12 ans sur Cubase et maintenant j’ai changé pour Logic Pro. C’est Axwell qui m’a initié à Logic. On était bloqué à Monaco, on a sorti tous les deux notre ordinateur et il m’a expliqué en 3-4 heures les bases de Logic. J’ai eu ma période avec plein de synthé, de boîtes à rythmes et des câbles partout. Aujourd’hui, on a la chance avec la technologie de pouvoir travailler en déplacement avec notre ordinateur. Quand tu es en voyage, tu peux faire un morceau que tu graves et que tu peux jouer le soir même. C’est magique au niveau de la production. Avant, j’ai connu les enregistrements sur DAT, où tu jouais sur un test pressing, et pour produire ton disque il fallait attendre 2 mois. Aujourd’hui, entre le moment où tu as l’idée et le moment où tu peux le jouer en club, il suffit de quelques heures. C’est une évolution exceptionnelle!

Soonnight : Tu as remixé, il y a peu de temps le dernier titre de Laurent Wolf, Seventies. Peux-tu nous raconter la rencontre avec Laurent ?

Ralph : Je connais laurent depuis une bonne dizaine d’années. On travaillé ensemble dans le passé via l’agence Futuria où j’étais directeur artistique. J’ai beaucoup de respect pour l’homme de terrain qu’il est. Il a eu des hauts et des bas, mais en ce moment ça fonctionne très bien pour lui, il le mérite. On s’est vu sur une date à Annecy l’été dernier. J’avais écouté son album et en lui disant que j’avais accroché sur Seventies, car il y a un vocal à la U2. Donc, c’est devenu une évidence. Je pense que Laurent attendait de ma part un son un peu cave/oldschool. Le titre a explosé sur Beatport. Il était numéro un des ventes de tous les titres de Laurent.

Soonnight : Tu as eu une grosse année en remix, un titre signé chez suédois, peux-tu nous raconter cette folle année 2008 ?

Ralph : J’ai fait 10 remix l’année dernière, c’est très lourd. Mon dernier single est signé chez joia records (label des suédois), j’avais déjà fait 3 remix pour eux. Une fois en studio, j’avais récupéré un vieux sample de 1988. Je pars la dessus et en même temps, j’étais connecté avec toute la team suédoise. Je leur ai dis que je bossais sur un titre acid. Je leur ait fais écouter une minute et ils m’ont dis « on signe ». Il a mis 7 mois à sortir car il y a un planning chargé. Il est sorti fin d’année et est rentré en 48 heures dans le top100. En remixeur, j’ai choisi Groove stage, Avicii. Il fut playlisté par Laurent Garnier, Carl Cox, Groove Armada, Robbie Riviera. Pour l’instant, je fais une halte côté remix.

Soonnight : De tous les tracks que tu as pu remixé, lequel as-tu préféré ?

Ralph : Il y en a tellement… Le Flash in the Night a super bien marché. La je suis sur un remix pour John Modena de chez Dj Center. Niveau remix, celui de Laurent, me plait beaucoup.

Soonnight : Tu sors ton premier album de ta carrière. Pourquoi avoir attendu aussi longtemps ?

Ralph : J’aurais du en faire un, il y a dix ans de ça, j’avais les titres mais j’aime produire de la musique de dancefloor et il fallait que je trouve le concept qui réunisse uniquement des titres dancefloor. J’ai lancé l’album VS en composant une dizaine de titres. J’ai invité des copains pour bosser la finalisation de mes titres. Certains titres ont été plus travaillé que d’autres selon les artistes. En final, j’ai apporter ma dernière touche. Ce ne sont pas des remix, mais des collaborations, sauf que j’ai composé les titres de base. J’ai trouver le concept super intéressant parce que le but. C’est presque qu’une compilation mais le but est de travailler chaque titre en single avec des remix. J’ai une belle liste de remixeurs qui bossent déjà sur les singles.

Soonnight: Comment as tu choisi les artistes qui t’accompagnent sur l’album ?

Ralph : Ceux sont des coups de coeurs, des connaissances, souvent des copains, mais aussi des challenges. Pour les potes, j’aime bien leurs sons même si ce n’est pas ce que je joue. Je leur ai filé un titre à l’opposé de leur identé musicale. Il y avait plein d’autres artistes prévus, mais le problème, c’est que l’on se trouve dans une prériode où tout le monde sort son album. Il est présenté à la WMC. J’ai plusieurs labels sur le projets mais je prend mon temps, je ne suis pas à 6 mois près. Il y a un ou deux singles qui vont sortir avant l’album. Le but serait de le sortir pour la summer event d’Ibiza, qui est l’événement de Pete Tong et la rencontre avec les labels, les producteurs.


Soonnight : Comment pourrais-tu décrire le concept exact de ton album ?

Ralph : L’album, c’est Dj Ralph VS 11 autres producteurs. On peut appeler sa un LP ou une compilation. Je joue déjà 90% des titres en club avec de supers retours. Contrairement à mes productions qui ont un effet buzzé avant la sortie; l’album, très peu de personnes l’ont entendu. Pour les remixeurs, je leurs ai donné le choix des titres. Normalement, ça va me remplir l’actualité discographique jusqu’à mi 2010. C’est un très gros boulot et un échange fort entre artistes.

Soonnight : Combien de temps à durée l’élaboration de cet album ?

Ralph : S’aura duré environ 6 mois, ce qui est très rapide. J’ai composé 7 titres et 5 que j’avais déjà sous la main. À gérer, c’est très lourd car je le produis sous mon label electro-addict, il faut penser à tout.
De plus, le planning est déjà bien chargé avec la tournée Born To Rave Tour.

Soonnight : Qu’est ce qu’Electro-Addict ?

Ralph : C’est un concept lié à mon forum, une marque de fabrique des « bûcheron ». J’ai voulu développé cette marque avec un logo qui plait, mais c’est surtout un état d’esprit. Il y a aussi une compil’ Electro-Addict que j’ai faite, il y a déjà un an de ça. On a eu des problèmes avec les labels. Mon projet était de produire 12 jeunes producteurs via un concours avec le magazine Only For DJ, qui est le partenaire de les événements. Je ne suis pas présent sur cette compilation, ceux sont les tracks des 12 jeunes producteurs qui sont présents. Ca devait être signé sur un gros label mais au dernier moment, on ne s’était pas mis d’accord car il ne respectait pas les droits des artistes.
Donc, j’ai tout repris en main.

Soonnight : Quels sont les objectifs premiers de ton label Electro-Addict ?

Ralph : Je tiens à être propriétaire des nouveaux morceaux. Par contre, les 12 titres que je vais produire via la compil Electro-Addict, je ne vais pas me battre pour les droits mais plutôt pour faire sortir les tracks car j’ai la chance d’être connu et d’avoir une facilité d’entrer dans les maisons de disques. Je me sers de mon nom pour les faire rentrer dans le circuit. Souvent, lors de la sortie d’un de mes singles, j’organise un concours de remix sur mon forum et permet à de jeunes de sortir des tracks sur des lables anglais, japonais…. Je fais des soirées play house of the dj, une tous les trois mois, où je permet à des jeunes de jouer avec moi.

Soonnight: Peu de Dj exploitent les noms de leurs derniers morceaux pour en faire un titre de tournées, pourquoi ce choix ?

Ralph : C’est un prétexte ! J’ai la chance avec la conjoncture actuelle d’avoir un bon planning. Je fais 40 dates en 4 mois. J’ai décider de mettre en avant l’entité Born to Rave tour avec un vrai visuel, des partenaires qui me suivent sur la tournée ainsi que des sponsors. Six mois plus tard, je reviendrais dans les même clubs mais avec un autre nom de tournée. C’est un prétexte pour revenir et un moyen de relancer les clubs avec qui je bosse.

Soonnight : Dans une précédente interview, tu avais parlé de ton rêve de faire des clips. Est-ce toujours d’actualité ?

Ralph : C’est un rêve plus qu’une réalité car je n’ai pas les compétences techniques. J’ai participé à la production du clip to the limits, qui avait été réalisé il y a 3 ans. C’était une grosse production avec 3/4 cameramans, tourné en direct en club de 5000 personnes. J’avais juste écrit le scénario. Maintenant, pour des clips, il faut un single orienté commercial. J’ai la chance d’habiter Anneçy qui accueille le festival du film international d’animation, sur lequel, chaque année, je montre la soirée cyberline. J’aimerais surtout écrire un scénario et après peut-être bosser avec des personnes de ma ville sur la réalisation. J’ai beaucoup d’amis dans le ski extrême, ça serait cool de faire des choses ensemble. Donc, c’est encore au stade de rêve car il y a tellement de choses à faire et hélas très peu de temps pour les réaliser.

Soonnight: Un petit mot pour la fin ?
Ralph : Je voudrais parler de mon forum et de mon podcast que vous pouvez retrouver sur www.dj-ralph.com/forum. J’ai vraiment de la chance d’avoir une communauté qui me suit. J’ai un forum avec une communauté de DJ-producteurs plus que des clubbers. J’organise des Electro Addict Tchat Session toutes les 3 semaines où j’invite un guest. A chaque fois, j’ai plus de 200 connectés.
On a déjà invité Greg Cerrone, Mathieu Bouthier, Arno Cost, Arias, Avicii, da Fresh…